On aurait souhaité
Qu'elles tremblent qu'elles frémissent
Qu'elles tremblent qu'elles frémissent
On aurait souhaité
Qu'elles tremblent qu'elles jaunissent
Qu'elles tremblent qu'elles jaunissent
Les feuilles d'un arbre
A-t-on peur qu'elles verdissent?
A-t-on peur qu'elles parlent?
On secoue toutes les calebasses
On tend tous les filets
Tous les arcs
Toutes les coras
De quoi a-t-on peur ici?
Qui parle ici?
Qui noircit par nature?
Pourquoi tant de bruit?
Y a-t-il le feu dans la maison?
D'où vient cette fumée
Fabriquée de toutes poudres?
D'où vient cette angoisse
Qui saisit tous les ancêtres à la gorge?
La tradition est-elle en péril?
À quoi joue-t-on ici?
Quel masque porte-t-on dans ce labyrinthe?
Mais l'arbre est toujours là
Planté devant la maison
Ses feuilles murmurent et verdissent
La tranquillité
L'équilibre
La non - tradition
Le non - troupeau
La femme!
Il était une fois, un jour d'avant les jours, dans
un très joli jardin qu'Il venait d'inventer, Dieu.
Et Dieu créa l'homme, à son image, et de la même terre
et en même temps, Il créa une femme, qu'Il appela Lilith
et qu'Il présenta à l'homme pourêtre son épouse.
puis Il les bénit et leur dit "soyez féconds, multipliez
et remplissez la terre".
Et voilà notre 1er couple installé dans le jardin d'Eden,
avec tout à découvrir: la vie, les animaux, les plantes,
l'amour...
Mais une brouille survint très vite dans le ménage; car
en effet au moment d'obéir et de multiplier, l'homme voulut imposer
à sa femme de s'allonger sous lui, manière de revendiquer
le statut de Chef. Mais Lilith estimait avoir les mêmes droits que
son mari et elle contesta
cette prise de pouvoir...
La dispute éclata, le ton monta et dans sa fougue Lilith prononça,
hélàs, le nom interdit: le nom de Dieu!
Aussitôt des ailes lui poussèrent dans le dos, et la voilà
qui s'enfuit par les airs, plantant là son mari, qui alla se plaindre
à Dieu de la disparition de sa moitié. Dieu envoya à
sa poursuite 3
anges qui la retrouvèrent très vite et lui ordonnèrent
de rentrer. Lilith hésitait,' elle aurait voulu la garantie d'une
négociation, se sentir soutenue, mais les anges se fâchèrent:
"100 de tes enfants mourront chaque jour!" Alors Lilith, atterrée,
prise entre 2 feux, ne sachant choisir entre son combat de femme et son
coeur de mère, alla se jeter dans le fleuve. Les anges l'en ressortirent
et pour adoucir la peine, lui proposèrent un compromis: le droit
de vie et de mort
sur tous les nouveaux-nés. restait plus qu'à se soumettre..
C'est à ce moment-là que passa par là un certain
Sammaêl, qu'on appelle aussi Satan, le diable. Il vit Lilith, la
trouva fort belle et tomba amoureux. Il lui fit sa cour, elle s'épancha,
il comprenait, il était tout à fait d'accord quant à
l'égalité des sexes, il ne revendiquait rien si ce n'est
le droit de lui demander sa main et de partager avec elle tous les plaisirs
que la vie ne manquerait pas de leur offrir. Elle accepta et partit avec
lui dans la géhenne et hérita ainsi d'une fameuseréputation
de "hors-la-loi, mangeuse d'homme et croqueuse d'enfants".
Adam était resté seul dans le jardin et Dieu sait qu'il
n'est pas bon pour l'homme d'être seul. Aussi lui envoya-t-Il le
sommeil, et pendant qu'il dormait, Il prit une de ses côtes, en
fit une femme, dont l'homme à son réveil put enfin dire
:"Cette fois, celle-ci est vraiment l'os de mes os, la chair de ma
chair" Et il l'appela Eve, ce qui signifie Mère de tous les
vivants..
Et voilà comment et pourquoi c'est Eve qui reç ut pour tâche
de faire comprendre les choses de la vie à Adam son mari
D'abord elle a goûté la pomme,
même que ce n'était pas bon.
Y avait rien d'autre, alors en somme
elle a eu raison, eh bien, non?
Ça l'a pourtant arrangé, l'homme,
c'était pas lui qui l'avait fait.
N'empêche, il l'a bouffée, la pomme,
jusqu'au trognon et vite fait.
Oui, mais c'est la faute à Eve.
Il n'a rien fait, lui, Adam.
Il n'a pas dit "Femme, je crève,
rien à se mettre sous la dent.
D'ailleurs, c'était pas terrible,
même pas assaisonné.
C'est bien écrit dans la bible:
Adam, il est mal tombé.
Après ça, quand Dieu en colère
leur dit avec des hurlements:
"Manque une pomme à l'inventaire!
Qui l'a volée? C'est toi, Adam?"
Eve s'avança, fanfaronne, et dit
"Mais non, papa, c'est moi,
mais, d'ailleurs, elle était pas bonne,
faudra laisser mûrir, je crois".
Alors c'est la faute à Eve
s'Il les a chassés d'en haut,
et puis Adam a pris la crève:
il avait rien sur le dos.
Eve a dit: "Attends, je cueille
des fleurs". C'était trop petit.
Fallait une grande feuille
pour lui cacher le zizi.
Après ça, quelle triste affaire.
Dieu leur a dit: "Faut travailler".
Mais qu'est-ce qu'on pourrait bien faire?
Eve alors a dit :"J'ai trouvé".
Elle s'arrangea, la salope,
pour faire et porter les enfants.
Lui poursuivait les antilopes
et les lapins pendant ce temps.
C'est vraiment la faute à Eve
si Adam rentrait crevé.
Elle avait une vie de rêve,
elle s'occupait des bébés,
défrichait un peu la terre,
semait quelques grains de blé,
pétrissait bols et soupières,
faisait rien de la journée.
Pour les enfants, ça se complique.
Au premier fils il est content,
mais quand le deuxième rapplique,
il devient un peu impatient.
Le temps passe. Adam fait la gueule:
il s'aperçoit que sa nana
va se retrouver toute seule
avec trois bonhommes à la fois.
Là, c'est bien la faute à Eve:
elle n'a fait que des garçons
et le pauvre Adam qui rêve
de changer un peu d'horizon,
lui faudra encore attendre
de devenir grand papa
pour tâter de la chair tendre
si même il va jusque là.
En plus, pour faire bonne mesure,
elle nous a collé un péché
qu'on se repasse et puis qui dure.
Elle a vraiment tout fait rater.
Nous, les filles, on est dégueulasses,
paraît qu'ça nous est naturel,
et les garçons, comme ça passe
par chez nous, ça devient pareil.
Mais si c'est la faute à Eve,
comme le bon Dieu l'a dit,
moi, je vais me mettre en grève,
j'irai pas au paradis.
Non, mais qu'est-ce qu'Il s'imagine?
J'irai en enfer tout droit.
Le bon Dieu est misogyne,
mais le diable, il ne l'est pas, ah!
LE
SENAT
Entre 1922 et 1935, divers projets de loi concernant le droit de vote
des femmes sont déposés.
Le Sénat les rejette en utilisant les arguments suivants :
1/ Les femmes jouissent au regard des hommes d'une position et de privilèges
qu'elles perdraient en descendant dans l'arène politique
2/ La place de la femme est dans son foyer ; son émergence dans
la vie politique menacerait dangereusement la famille
3/ Les femmes ne font pas de service militaire
4/ Si on accorde le droit de suffrage aux femmes, il faudrait l'accorder
aux prostituées
5/ Le fossé qui sépare la femme de l'homme, tant dans le
domaine de l'intelligence que de l'éducation, interdit leur égalité
politique et civique
6/ Si les femmes ont été déclarées incapables
par le code civil lui-même, c'est bien parce qu'elles ont besoin
d'être protégées, cette protection n'implique aucune
supériorité par rapport à l'homme, mais simplement
une différence
7/ La majorité numérique des femmes constitue une disparité
en cette époque postérieure à la Grande Guerre ;
il faut donc attendre pour envisager le suffrage féminin des temps
où l'équilibre du nombre entre hommes et femmes soit redevenu
plus normal
8/ Le suffrage ne constitue pas un droit en soi, mais un privilège
accordé par l'Etat souverain à ceux qu'il juge dignes de
l'exercer
9/ Si les femmes jouissent du droit de vote elles ne pourront qu'exercer
une influence délétère sur l'électorat, d'abord
en favorisant les extrémistes, ensuite en inoculant leurs propres
idées à l'électorat masculin qu'elles finiront par
rendre totalement efféminé
10/ La loi sur le vote des femmes est devenue une tactique de parti dont
l'Assemblée Nationale sait parfaitement qu'elle ne sera jamais
ratifiée par le Sénat
11/ Beaucoup de pays qui ont émancipé leurs femmes le regrettent
déjà
12/D'ailleurs les femmes elles-mêmes en général,
n'ont aucune envie de voter
13/ Les nordiques et les anglo-saxonnes qui jouissent déjà
de leurs droits politiques se distinguent par nature des femmes latines,
plus frivoles et inconséquentes
14/ Avant d'accorder aux femmes l'émancipation politique, il est
nécessaire de leur donner l'émancipation civile
15/ Le droit de vote doit être décidé au moment opportun,
c'est-à-dire quand l'éducation des femmes, nécessaire
pour leur permettre d'exercer leur suffrage, sera réalisée
16/ Etant donnée leur absence de sens politique et le pouvoir
qu'exercent l'Eglise et les curés sur les femmes, le nouvel électorat
mettra la République en danger !
Paroles de Maurice Boukay Musique
d'Arthur Marcel-Legay
Monsieur Chaumette au Club placait
Ce propos de calibre :
"Est-il bête ce Condorcet
qui veut la femme libre !
Molière avait cent fois raison,
La faridondaine, la faridondon,
Qu'elle tricote, ça suffit !"
Biribi,
A la façon de Barbarie
Mon ami.
Bonaparte qui vint après
Leur fit ce monologue
"Toute femme instruite à peu près,
N'est qu'une idéologue
Il faut la mettre à Charenton
La faridondaine, la faridondon,
Qu'elle fabrique des conscrits !"
Biribi,
A la façon de Barbarie
Mon ami.
En quarante-huit, on reparla
(il faut bien que l'on cause) :
"Puisque nous y sommes, procla-
Proclamons quelque chose
Les droits de la femme ? Allons donc !
La faridondaine, la faridondon,
Qu'elle tricote, ça suffit !"
Biribi,
A la façon de Barbarie
Mon ami.
En dix neuf cent, nos bons bourgeois
Remontent sur la table :
"Mesdames, vous avez des droits,
Ca c'est incontestable !
Mais quand à l'application
La faridondaine, la faridondon,
N'en parlons pas pour aujourd'hui !"
Biribi,
A la façon de Barbarie
Mon ami.
"Vous travaillez, c'est entendu,
Vous méritez salaire.
Travailler n'est pas défendu
A la femme; au contraire !
- Mais le salaire qu'en fait-on ?
La faridondaine, la faridondon,
- Ce sera pour votre mari !"
Biribi,
A la façon de Barbarie
Mon ami.
Vous voulez le droit conjugal
Réciproque en ménage
Vous réclamer le droit légal
De porter témoignage.
La chambre l'accorde. C'est bon.
La faridondaine, la faridondon,
Mais le Sénat répond : Nenni !"
Biribi,
A la façon de Barbarie
Mon ami.
"Vous réclamez contre un brevet
une place ou tout comme.
Parbleu ! Si ma tante en avait
Elle serait un homme.
L'homme est roi. Pour lui tout est bon,
La faridondaine, la faridondon,
Excepté les enfant qu'il fit !"
Biribi,
A la façon de Barbarie
Mon ami.
"Enfin, Mesdames, voulez-vous
tranchez tous ces problèmes ,
ne comptez jamais (entre nous),
jamais que sur vous même !
portez culotte sans façon,
La faridondaine, la faridondon,
Portez le bonnet rouge aussi !"
Biribi,
A la façon de Barbarie
Mon ami.
Quand on dit écrivaine, comme on dit souveraine ou châtelaine,
on passe pour une terroriste verbale.
Quand on dit doyenne, on ne peut parler que centenaire, car à l'université,
bastion mâle, le masculin est de rigueur.
Dans les métiers bas de gamme, pas de problème : on est
opératrice, standardiste ou enquêtrice, on est institutrice
mais pas rectrice.
Car dans les professions de prestige ou d'argent, le genre féminin
n'a pas droit de cité ..
Jusqu'au moyen âge, il n'existait pas de règle de dominance
entre le masculin et le féminin. C'est le grammairien Vaugelas
qui en 1647 fixe les règles de l'accord établissant que
"la forme masculine a prépondérance sur le féminin,
parce que plus noble" Depuis nous n'en sommes toujours pas sorti
Sans nom es-tu
Depuis l'aube des temps du monde
Sans voix
voie
moi
Eve ou n'importe quoi
Non - homme
Au nom d'un homme
Qui te prête son nom de Dieu
Tentation du jardin d'Eden
Serpent maudit!
Côte d'homme ou n'importe quoi
Sans nom
vautour!
langue de vipère
Chèvre - émissaire
Tu traînes ta misère
Heureuse sois - tu
Du fond de ton malheur
O non - homme!...
Que les très laides me pardonnent
Mais la beauté est fondamentale. Il faut dans tout cela
Qu'il y ait quelque chose d'une fleur
Quelque chose d'une danse, quelque chose de " haute-couture "
Dans tout cela ( ou alors
Que la femme se socialise élégamment en bleu comme dans
la République Populaire Chinoise).
Il n'y a pas de moyen terme. Il faut
Que tout soit beau. Il faut que, tout à coup
On ait l'impression de voir une aigrette à peine posée,
et qu'un visage
Acquière de temps en temps cette couleur que l'on ne rencontre
qu'à la troisième minute de l'aurore.
Il faut que tout cela soit sans être, mais que cela se reflète
et s'épanouisse dans le regard des hommes. Il faut, il faut absolument
Que tout soit beau et inespéré. Il faut que des paupières
closes
Rappellent un vers d'Eluard, et que l'on caresse sur des bras
Quelque chose au-delà de la chair : et qu'au toucher
Ils soient comme l'ambre d'un crépuscule. Ah laissez moi vous dire
Qu'il faut que la femme qui est là, comme la corolle devant l'oiseau
Soit belle, ou qu'elle ait au moins un visage qui rappelle un temple ;
et
Qu'elle soit légère comme un reste de nuage : mais que ce
soit un nuage
Avec des yeux et des fesses. Les fesses c'est très important.
Les yeux,
Inutile d'en parler, qu'ils regardent avec une certaine malice innocente.
Une bouche
Fraîche (jamais humide), mobile, éveillée, et aussi
d'une extrême pertinence.
Il faut que les extrémités soient maigres, que certains
os
Pointent, surtout la rotule, en croisant les jambes et les pointes pelviennes
Lors de l'enlacement d'une taille mobile.
Très grave toutefois est le problème des salières
: une femme sans salières
Est comme une rivière sans ponts. Il est indispensable
Q'il y ait une hypothèse de petit ventre, et qu'ensuite
La femme s'élève en calice et que ses seins
Soient une expression gréco-romaine, plus que gothique ou baroque
Et qu'ils puissent illuminer l'obscurité avec une force d'au moins
5 bougies.
Il faut absolument que le crâne et la colonne vertébrale
Soient légèrement visibles ; ... et qu'il existe une grande
étendue dorsale !
Que les membres se terminent comme des hampes, mais qu'il y ait un certain
volume de cuisses
Qu'elles soient lisses, lisses comme des pétales et couvertes du
duvet le plus doux
Cependant sensible à la caresse en sens contraire.
Les longs cous sans nul doute sont préférables
De manière à ce que la tête donne parfois l'impression
De n'avoir rien à voir avec le corps et que la femme ne rappelle
pas
Les fleurs sans mystère. Les pieds et les mains doivent contenir
des éléments gothiques
Discrets. La peau doit être fraîche aux mains, aux bras, dans
le dos et au visage
Mais les concavités et les creux ne doivent jamais avoir une température
inférieure
A 37 degrés centigrades, capables, éventuellement, de provoquer
des brûlures
Du 1er degré. Les yeux, qu'ils soient de préférence
grands
Et d'une rotation au moins aussi lente que celle de la terre ;
Qu'ils se placent toujours au-delà d'un mur invisible de passions
Qu'il est nécessaire de dépasser. Que la femme, en principe,
soit grande
Ou, si elle est petite, qu'elle ait l'altitude mentale des hautes cimes.
Ah, que la femme donne toujours l'impression que si ses yeux se ferment
En les ouvrant, elle ne serait plus présente
Avec son sourire et ses intrigues. Qu'elle surgisse, qu'elle ne vienne
pas
Qu'elle parte, qu'elle n'aille pas.
Et qu'elle possède un certain pouvoir de rester muette subitement,
et de nous faire boire
Le fiel du doute. Oh, surtout
Qu'elle ne perde jamais, peu importe dans quel monde
Peu importe dans quelles circonstances, son infinie volubilité
D'oiseau, et que caressée au fond d'elle-même
Elle se transforme en fauve sans perdre sa grâce d'oiseau ; et qu'elle
répande toujours
L'impossible parfum ; et qu'elle distille toujours
Le miel enivrant ; et qu'elle chante toujours le chant inaudible
De sa combustion et qu'elle ne cesse jamais d'être l'éternelle
danseuse
De l'éphémère ; et dans son incalculable imperfection
Qu'elle constitue la chose la plus belle et la plus parfaite de toute
l'innombrable création
{Refrain:}
Qui c'est qui fait la vaisselle?
Faut pas qu'ça se perde!
Qui c'est qui doit rester belle
les mains dans la merde ?
Mais tout change {2x}
et voici Jules qui lange
les fesses de l'héritier.
Il balaie {2x}
et bientôt, quelle merveille,
il astique le plancher.
Ça fait rien, on change rien.
{au Refrain}
Mais tout bouge {2x},
et voici que les yeux rouges
il fait cuire le rôti.
Il cuisine {2x}
- quelle splendeur assassine! -
fait la plonge et il essuie.
Ça fait rien, on change rien
{au Refrain}
Mais tout marche, mais ça marche,
et voici qu'il ne se cache
quand il reste à la maison.
C'est Germaine qui ramène
tout l'argent de la semaine,
ce n'est pas contre saison.
Ça fait rien, on change rien.
{au Refrain}
Mais il l'aime, mais ils s'aiment,
et ce n'est pas un problème
de savoir qui va porter
la culotte ou bien les bottes,
et le seul drapeau qui flotte,
c'est une taie d'oreiller.
Ça fait rien, on change rien.
{au Refrain}
Mais voici que sonne l'heure
de traîner l'enfant qui pleure
vers l'école aux bancs de bois.
L'enfant de Germaine et Jules,
sans y penser, articule
dans les livres d'autrefois.
Ça fait rien, on change rien.
{au Refrain}
Tout recule {2x}
et plus tard le petit Jules
aura des enfants aussi
qui derrière leur cartable,
dans l'école imperturbable
épèleront ces niaiseries.
Ça fait rien, on change rien.
{au Refrain}
Qui c'est qui fait la vaisselle?
Faut pas qu'ça se perde.
Oh, mais non!
Merde!
Usure, l'effacement de la nuit sur le versant le plus dépouillé,
le plus obscur...
Une lueur se creuse, une allée secrète se dessine... j'y
entre en silence. C'est une pluie de lumière qui pénètre
mes yeux, mon dos, mes os et noie mon visage dans le plein jour d'une
altitude. Et pourtant venue du dedans, du plus loin. Du plus près
aussi. Et chuchotant à voix blanche de ce qui me relie à
moi, comme l'éclaircissement de ma blessure, me bouleversant, m'inoculant
la semence légère et vulnérable d'une identité.
Le son exact et ténu d'une parole flexible qui me cède une
place.
Il y a quelque part l'éraflure d'une porte à ouvrir. Une
saveur de naissance. Une source...
Mais si je me réfugie à la périphérie, dans
l'encombrement des habitudes, de l'agitation absente, des conventions,
dans l'entrave d'une image à caser au miroir des références,
tout disparaît.
Et revient ce goût fade de l'ordre ordinaire ce goût affligeant
de la différence niée. Qui tue.
Texte anonyme (Alternative libertaire,
septembre 2001)
J'ai reçu des fleurs aujourd'hui. Ce n'était pas mon
anniversaire, ni un autre jour spécial. Nous avons eu notre première
dispute hier dans la nuit et il m'a dit beaucoup de choses cruelles
qui m'ont vraiment blessée. Je sais qu'il est désolé
et qu'il n'a pas voulu dire les choses qu'il a dites parce qu'il m'a
envoyé des fleurs aujourd'hui.
J'ai reçu des fleurs aujourd'hui. Ce n'était pas notre
anniversaire, ni un autre jour spécial. Hier dans la nuit, il
m'a poussé contre le mur et a commencé à m'étrangler.
Ca ressemblait à un cauchemar, je ne pouvais croire que c'était
réel. Je me suis réveillé ce matin le corps douloureux
et meurtri. Je sais qu'il doit être désolé parce
qu'il m'a envoyé des fleurs aujourd'hui.
J'ai reçu des fleurs aujourd'hui et ce n'était pas la
fête des mères ni un autre jour spécial. Hier dans
la nuit, il m'a de nouveau battu, c'était beaucoup plus violent
que les autres fois. Si je le quitte que deviendrais-je ? Comment prendre
soin de mes enfants ? Et les problèmes financiers ? J'ai peur
de lui mais je suis effrayée de partir. Mais je sais qu'il doit
être désolé parce qu'il m'a envoyé des fleurs
aujourd'hui.
J'ai reçu des fleurs aujourd'hui. Aujourd'hui c'était
un jour très spécial, c'était le jour de mes funérailles.
Hier dans la nuit, il m'a finalement tuée. Il m'a battue à
mort. Si seulement j'avais trouvé assez de courage pour le quitter,
je n'aurais pas reçu de fleurs aujourd'hui
A Amsterdam, il y a Dieu, il y a les dames
J'ai vu les dames de mes yeux j'ai pas vu Dieu
A Amsterdam
A Amsterdam, j'ai vu les dames de mes yeux,
Dans des vitrines exposées
J'ai vu le tangage machinal de leurs corps,
Leur regard froid ou éteint ou embrumé par des drogues
d'oubli
J'en ai vu une qui se tapait le front contre la vitre
Dérisoire et ultime message de révolte, d'appel au secours
Et puis je n'ai plus vu
J'ai eu trop honte de moi
Touriste voyeuse
La larme au bout des lèvres
Et le cri dans les yeux
Et j'avais mal en ces femmes
Et j'avais mal de mon impuissance
Tout ça, là-bas
C'est légal n'est-ce pas?
A Amsterdam, j'ai vu des hordes
D'hommes et de femmes de tout pays
D hommes et de femmes agglutinés ici
Dans le grand zoo humain
Je les ai vu regarder ces dames, comme on regarde un singe qui vous
fait des grimaces
J'en ai vu qui riaient,
Un seul rire était déjà de trop
J'en ai vu que ça amusait
Un seul sourire esquissé était déjà de
trop
J'en ai vu qui ne regardait pas ces femmes comme des humaines
Mais comme des objets de curiosité, loin de leur monde, poupées
sans âme
Une seule de ces pensées était déjà de
trop.
Homme sais-tu que ces femmes sont pétries
de la même chair, du même cur, du même sexe
Que ta femme ,ta sur, ta fille?
Femme sais-tu que ces femmes sont pétries
de la même chair, du même cur, du même sexe
que toi,
et que lorsque tu te ris d'elles
c'est de toi-même que tu ris
Et qu'ainsi, tu t'acceptes , inférieure et soumise à
l'homme
A Amsterdam j'ai vu les dames de mes yeux
Mais je n' ai pas vu toutes celles des bordels
Des eros center, des trottoirs du monde entier.
Amenées là, comme à Amsterdam, par la misère,
Par la promesse d'une vie meilleure
par le chantage
Par la force
. Je n'ai pas vu, mais je sais
Qu' elles sont dressées,
battues,
violées, encore et encore
torturées
Vendues, échangées d'un pays à un autre
Ames à tout jamais confisquées
Corps marchandisés
Soumis à la volonté du souteneur,
Au désir du client.
Je sais que des millions de femmes sont vendues comme de simples
objets
victoire de la logique du marché, du traffic mondial organisé.
Europe de l'ouest, proxénète des femmes de l'est,
Tourisme sexuel reconnu en Thaïlande
L'argent se brasse, les pays s'enrichissent
Les lois hypocrites ou inadaptée ne défendent pas
Ces femmes flouées, culpabilisées, méprisées,
avilies
, quand tu
Homme pense que ces femmes sont pétries
de la même chair, du même cur, du même sexe
Que ta femme ,ta sur, ta fille
Femme pense que ces femmes sont pétries
de la même chair, du même cur, du même sexe
que toi,
EII's sont nées pour fair' rêver, pour fair'
rêver
Dans les magasines ou dans les vitrines
Les femm's ont tant d' frivolité, d'frivolité
Demande à Gisèle et à Isabelle
EII's sont nées pour balayer, pour balayer
Et fair' la vaisselle, vider la poubelle
Les femm's ont tant d'habileté, d'habileté
Demande à Hélène, et puis à Guylaisne
Demande à Gisèle et à Isabelle
EII's sont faîtes pour enfanter, pour enfanter
Et sav'nt dès l'enfance, qu'c'est dans la souffrance
Les femm's ont tant d'générosité
Demande à Christine et à Micheline
Demande à Hélène....
Demande à Gisèle .. .
EII's sont fait's pour travailler, pour travailler
Et faire chacune deux journées dans une
Les femm's ont tant d'agilité, d'agilité
Demande à Colette, et à Antoinette
Demande à Christine....
Demande à Hélène ....
Demande à Gisèle....
EII's sont faites pour lutter, pour lutter
Montrer leur colère, qui remue la terre
Les femm's aussi savent lutter
Demande à Rosa et à Angela
Demande à Colette ...
Demande à Christine...
Demande à Hélène .. ..
Demande à Gisèle ......
.
Ce texte a été écrit par une ouvrière chilienne,
en 1973, peu après
l'assassinat du Président Allende . Une missionnaire américaine
le traduisit et l'emporta avec elle quand elle fut expulsée du
Chili
Traduit de l'Américain
par MVT
.
Je suis une femme Je suis une femme
.
Je suis une femme née d'une femme dont l'homme acheta une usine.
Je suis une femme née d'une femme dont l'homme travailla à
l'usine.
.
Je suis une femme dont l'homme porte des costumes de soie; qui surveille
constamment son poids. Je suis une femme dont l'homme porte des costumes en lambeaux, dont
le
coeur est constamment serré à cause de la faim
.
Je suis une femme qui éleva deux bébés qui devinrent
de beaux enfants. Je suis une femme qui éleva deux bébés morts faute
de lait .
.
Je suis une femme qui éleva des jumeaux qui allèrent au
lycée et passèrent leurs
vacances à l'étranger. Je suis une femme qui éleva trois enfants dont les ventres sont
plats faute de nourriture .
.
Mais un homme vint ; Mais un homme vint ;
.
Et il raconta aux paysans qu'ils s'enrichiraient et que ma famille s'appauvrirait
Et il me parla de jours meilleurs, et il fit des jours meilleurs .
.
Nous devions manger du riz Nous mangions du riz
.
Nous devions manger des haricots ! Nous mangions des haricots
.
On n'accorda plus de visa à mes enfants pour qu'ils puissent partir
en vacances en Europe. Mes enfants ne pleuraient plus pour s'endormir .
.
Et je me sentis paysanne Et je me sentis une femme .
.
Une paysanne avec une vie ennuyeuse, dure, sans attrait . Une femme avec une vie qui lui permettait parfois de chanter .
.
Et je rencontrai un homme. Et je rencontrai un homme.
.
Et ensemble nous commençâmes à comploter avec l'espoir
de retrouver la liberté. Je vis son coeur se mettre à battre avec l'espoir de la liberté,
enfin .
.
Un jour, le retour de la liberté. Un jour la liberté .
.
Et alors, Mais alors,
.
Un jour, Un jour,
.
Il y eut des avions au-dessus de nos têtes et des fusils qui tiraient
tout près. Il y eut des avions au-dessus de nos têtes et des fusils qui
tiraient au loin .
.
Je rassemblai mes enfants et rentrai chez moi. Je rassemblai mes enfants et courus .
Et les fusils s'éloignèrent de plus en plus.
Et les fusils se rapprochèrent de plus en plus.
.
Et alors ils annoncèrent le retour de la liberté! Et alors ils arrivèrent, c'était de très jeunes
hommes.
.
Ils vinrent en compagnie de mon homme. Ils vinrent et trouvèrent mon homme. .
Ces hommes qui avaient presque tout perdu. Ils trouvèrent tous ces hommes qui ne possédaient que
leur vie . .
Et nous trinquâmes pour fêter l'événement .
Et ils les tuèrent tous . .
Les meilleurs apéritifs . Ils tuèrent mon homme .
.
Puis ils nous invitèrent à danser . Puis ils vinrent pour moi . .
Moi . Pour moi, la femme .
.
Et ma soeur . Et pour ma soeur .
.
Alors, ils nous emmenèrent, Ils nous emmenèrent ,
.
Ils nous emmenèrent dîner dans un petit club privé
. Ils nous arrachèrent la dignité que nous avions gagnée
. .
Et ils nous offrirent du boeuf . Et ils nous frappèrent .
.
Les plats se suivaient sans cesse . Sans cesse ils étaient sur nous .
.
Nous étions prêt d'éclater tant nous avions mangé
. Coup de poing, immersion - les soeurs saignent, les soeurs meurent
.
.
C'était magnifique d'être libre à nouveau ! C'était vraiment un soulagement que d'avoir survécu .
.
Les haricots avaient maintenant presque disparu . Les haricots avaient disparu .
.
Le riz, je l'avais remplacé par du poulet ou du steak . Le riz, je n'en trouve pas .
.
Et les fêtes continuent nuit après nuit pour effacer tout
le temps perdu . Et mes larmes silencieuses se joignent à nouveau aux cris
nocturnes de mes enfants.
.
Et je me sens à nouveau une femme . On dit que je suis une femme .
.
Monsieur le Président,
J'ai dix-sept ans et des affiches funestes ont fait leur apparition
sur les murs des lycées de notre ville. Je refuse le diktat, je
refuse que l'on se substitut à mes parents qui m'ont donné
une conduite irréprochable, une éducation saine, pleine
de civisme et d'amour. je suis heureuse lorsque je joue avec mes frères
et mes surs au bord de la mer, et quand une haute vague me rejette
toute étourdie sur le rivage, je sui heureuse. J'aime courir pieds
nus dans l'herbe humide de rosée, offrir mon visage à la
douce pluie du printemps, et lorsque le vent joue avec ma longue chevelure,
je suis heureuse d'être décoiffée. Le chant matinal
des oiseaux me transporte de bonheur et, lorsque je vois une abeille qui
butine, je la suis de fleur en fleur et je me sens heureuse. Les sons
mélodieux me remplissent de joie, et la beauté du coucher
de soleil me procure des moments d'intense émotion.
Mon jeune corps sain et sportif ne supporte aucune entrave vestimentaire
et je rêve de devenir comme Hassiba une championne olympique, de
faire de sérieuses études d'aéronautique pour être
commandant de bord.
Je rêve aussi d'une Algérie moderne où
la femme a sa place. Aujourd'hui, il nous est même interdit de rêver.
Monsieur le Président, j'ai dix-sept ans et je ne veux pas
mourir.
Parmi les femmes mythiques, il en est une que j'affectionne tout particulièrement:
la femme aux os.
Elle nous vient d'Amérique latine, mais en réalité
elle est du Pays Sans nom, le pays où naît la lumière,
que l'on n'atteint qu'après Avoir dépassé les limites
du monde..
La femme aux os est vieille, très vieille. D'aucuns la voit grosse,
ou très maigre, elle est moustachue comme les chats, souvent courbée
sous le poids de fagots énormes, et on dit qu'elle est sage.
Elle vit dans le coeur des déserts, au fin fond des forêts,
on la rencontre parfois au détour d'un sentier oublié..
Elle arpente les lits asséchés des rivières, les
rocailles, les pentes arides des montagnes, et elle y ramasse des os de
loups.
Sa tâche, en effet, c'est de sauver tout ce qui risquerait d'être
perdu pour le monde, mais sa préférence va aux os de loups
qu'elle ramasse dans ces contrées désertiques.
On dit que quand elle a retrouvé tous les os d'un même squelette,
elle s'arrête, le reconstitue là devant elle, sur le sol,
et allume un grand feu. Puis elle étend ses mains au-dessus du
squelette, et se met à chanter..
Et son chant c'est quelque chose!si beau si vibrant...
Elle chante, et les os se rassemblent et se couvrent de chair
Elle chante encore et la chair se couvre de fourrure
Avec le feu et le chant de la femme, la bête se réchauffe
et reprend vie, sa queue et ses oreilles se redressent, elle ouvre les
yeux, saute sur ses pattes et détale...
Et elle court si vite, ou elle passe une rivière si profonde, ou
elle est touchée par un rayon de soleil si unique, qu'elle se transforme
en femme, femme qui court, et qui rit de grands éclats
de rire, femme libre enfin ...
C'est une femme de maintenant
De celle que les publicitaires
Ces gens qui méprisent les gens
Visent pour faire leurs affaires
Mais moi qui la connais un peu
Je dis qu'elle est bien autre chose
Qn'une écouteuse de slogans creux
Qu'une regardeuse d'écrans roses
Qu'elle vaut bien plus qu'elle vaut bien mieux
Que ce point dans les statistiques
Dans l'audimat qu'elle est aux yeux
De ceux qui comptent et font du fric
De petites rides sur son visage
Racontent les moments heureux
Que l'on traverse au long de l'âge
Dans les mois d'août dans les soirs bleus
Avec son espoir au cur
Entre nuages et beau temps
C'est ma voisine ma sur
Depuis qu'y a plus d'homme chez elle
Elle élève seule ce petit
Dont l'sourire bien sûr lui rappelle
Qu'on n'aime jamais qu'à la folie
Dont les traits fins presque les mêmes
La ramènent encore à celui
Qui lui murmurait des "je t'aime"
Et lui disait "c'que t'es jolie"
Ça fait cinq ans dans son deux pièces
Qu'on n'lui a plus tenu la main
Avec un d'ces regards de tendresse
Qui dit tout quand on ne dit rien
Ça fait longtemps de solitude
Entr' le lit l'évier la télé
Qu'elle se r'bâtit des habitudes
Qu'elle reste debout obstinée
Avec son espoir au cur
Entre nuages et beau temps
C'est ma voisine ma sur
Sa mère est dans une autre ville
Chaque fin d'semaine elles s'appellent
Pour se raconter le futile
Elles se r'verront à la Noël
Ici elle a quelques amies
Des collègues des connaissances
Quant au travail qui la nourrit
Ça n'a vraiment pas d'importance
L'a rien d'ces stars qui font parler
Mais comme elle trouve au quotidien
Malgré les vents et les marées
Le courage d'aller plus loin
J'dis qu'cett' femm' c'est un' vraie princesse
Qui porte sur son front gravé
Bien plus qu'une infinie richesse
Ce que l'on nomme dignité
Avec son espoir au cur
Entre nuages et beau temps
C'est ma voisine ma sur
Femme de ta gorge montait
Un chant nouveau
Mais nous ne t'avons pas laissé
La parole
Bien que tu sois
La voix de la moitié
de la terre
Femme tes yeux voyaient
Le monde autrement
Mais nous n'avons voulu
Ni savoir
Ce que voulait ton regard
Ni connaître
Sa chaleur
Femme tu portais sur ta peau
De toute couleur
La promesse
De demain
La lumière
Qui pourrait éclairer
Des chemins inédits
Des voies
Paisiblement rebelles
Femme-pont
Femme-lien
Femme-racine et fruit
D'amour
Et de tendresse
Femme tes mains tendues
Et ton giron
Sont une immensité
Qui protège
Et console
Mais nous n'avons pas compris
La force de ton étreinte
Ni le cri
De ton silence
Et nous allons sans boussole
Et sans réconfort
Femme chacun n'ayant
D'autre maître
que soi
tu iras désormais
égale et libre
compagne
d'un même rêve
à jamais partagé
Alors viendra la révolution qui secouera tout dans
ses tempêtes.
Le sexe qui se dit fort cessera de commander à
celui qu'il croit flatter en le qualifiant de beau sexe et qui est réduit
aux armes des esclaves : la ruse, la domination occulte.
L'égalité entre les deux sexes sera reconnue
et cela fera une fameuse brèche dans la bêtise humaine.
Alors l'homme et la femme pourront marcher la main dans
la main.
La Conférence de Durban contre le racisme
et l'intolérance a été un lieu de rencontres pour
les victimes de la traite, de la colonisation, de l'apartheid, de l'épuration
ethnique, du système des castes, des violences religieuses et politiques
de toutes sortes. Et les femmes ? Le sexisme n'a été évoqué
qu'en fonction de la double oppression qu'il implique pour elles : femmes
et noire, femme et musulmane, femme et Dalit, femme et Rom... Mais, des
femmes en tant que victimes d'un système d'oppression spécifique,
le Patriarcat, il n'est nullement question !
Nous, Femmes du Monde
dénonçons les violences et les différentes formes
d'exploitation que les hommes nous ont fait et nous font subir depuis
des millénaires :
pour nos pieds bandés
nos cous prisonniers des anneaux
nos sexes coupés ou cousus
nos lèvres à plateaux ou nos oreilles percées
pour les ceintures de chasteté ou le contrôle de notre virginité
pour les corsets qui nous étouffent
pour nos corps anorexiques ou engraissés selon leur loi
pour les femmes qu'ils privent d'éducation, de liberté,
d'autonomie
pour celles qu'ils enferment dans les harems ou aux foyers
derrière le voile, le tchador, le tchadri ou la burqa
pour les mariages précoces, les rapports sexuels imposés
les grossesses non désirées, les stérilisations forcées
les avortements de ftus féminins
pour la polygynie, la répudiation, la pratique de la dot
la discrimination dans l'héritage
pour l'exploitation économique, l'esclavage domestique, la double
journée de travail
pour les coups, les insultes, le harcèlement moral et sexuel
pour les viols privés ou collectifs
pour la pornographie, la prostitution
les femmes vendues dans le " mariage de jouissance " ou par
le Crime organisé
pour les jets d'acide, la lapidation, la pratique du Sati,
pour les " sorcières " brûlées vives
pour les crimes d'honneur, les meurtres de femmes
pour les massacres religieux ou politiques
pour les petites filles qu'ils tuent et celles qu'ils empêchent
de naître : il manque cent millions de femmes sur la terre
pour le contrôle qu'ils ont exercé et continuent d'exercer
sur nos vies
pour nos vies qu'ils nous ont volées
pour notre intelligence qu'ils ont étouffée
pour la division qu'ils ont instaurée entre nous pour nous maintenir
en esclavage,
pour tous les crimes odieux que les hommes ont commis contre les femmes
depuis des temps immémoriaux,
pour avoir fait de nous le symbole du MAL dans les religions misogynes
du dieu qu'ils ont créé à leur image, un décret
caractéristique de toute idéologie raciste,
pour nos Droits Humains bafoués, Nous, Femmes du Monde, demandons
que les Gouvernements des différents pays nous présentent
des excuses et que ces instances apprécient, à leur juste
valeur, les compensations financières, juridiques, professionnelles
et politiques que les femmes sont en droit de recevoir.
Dès 1789, l'escalade sexiste contre les femmes souligne l'inquiétude
des hommes qui s'acharnent à conjurer leur poussée revendicative.
Malgré leurs luttes les femmes perdront, pendant la Révolution
française, les quelques droits que certaines d'entre elles possédaient...
1791: DÉCLARATION DES DROITS DE LA FEMME ET DE LA CITOYENNE d'Olympe
de Gouges.
1804: le CODE NAPOLÉON affirme l'incapacité juridique des
femmes qui sont considérées comme d'éternelles mineures.
Il leur est même interdit l'entrée des lieux universitaires.
*1810: l'adultère devient un délit puni d'emprisonnement
pour les femmes, (exceptionnellement d'une amende pour les hommes).
*1830: création des premières écoles de filles.
*1838: première École Normale de filles.
*1861: première bachelière.
*1875: première médecin (non passée par l'université).
*1880: organisation de l'enseignement secondaire féminin qui ne
permet pas l'entrée à l'université.
*1881: la femme mariée peut ouvrir un livret de caisse d'épargne
sans autorisation maritale.
*1892: interdiction du travail de nuit des femmes.
*1897: le témoignage des femmes est admis devant les tribunaux.
*1900: premières avocates.
*1907: la femme mariée peut disposer librement de son salaire.
*1909: congé de maternité (8 semaines).
*1920: interdiction de la contraception et de l'avortement.
:la femme mariée peut se syndiquer sans autorisation maritale.
*1930: première femme à l'École Centrale.
*1938: la femme mariée ne doit plus obéissance à
son mari!
*1944: droit de vote et d'éligibilité des femmes.
*1965: la femme mariée peur travailler sans autorisation maritale.
*1967: autorisation de la contraception.
*1970: suppression de l'autorité paternelle sur les enfants; elle
devient partagée.
*1972: principe de l'égalité de rémunération
entre les femmes et les hommes.
*1974: autorisation de l'interruption volontaire de grossesse.
*1975: divorce par consentement mutuel.
: suppression du droit du mari de choisir la résidence du couple.
*1977: congé "parental" d'éducation.
*1983: loi sur l'égalité professionnelle (quota en faveur
des femmes).
*1985: possibilité d'ajouter, ou de substituer, le nom de la femme
mariée au patronyme des enfants.
*1986: la femme mariée a l'administration de ses biens propres.
: féminisation des termes de métiers, grades et fonctions.
*1992: autorisation du travail de nuit pour les femmes.
: loi sur le harcèlement sexuel.
: la mère célibataire perd l'autorité qu'elle possédait,
seule, sur son enfant.
*1999: la loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes
aux mandats électoraux et aux fonctions électives.
Femmes ! Vous serez nombreuses
à fêter les 2000 ans de la religion catholique...
Que vous a-t-elle apporté
?
Les religions patriarcales monothéistes, dites " du livre
", ont été initiées par les hommes quand ils
ont pris le pouvoir sur les femmes, après des années de
luttes au cours desquelles les femmes ont résisté avec les
armes.
Le culte du Dieu masculin a remplacé, alors, celui de la Grande
Déesse.
La Génèse, histoire mythique, raconte que Dieu le Père
a créé Adam à son image. Ne serait-ce pas plutôt
le contraire : l'homme qui aurait inventé Dieu à son image
?!...
Le mythe raconte aussi la création de la première femme,
Lilith, égale en toutes choses à Adam et qui a refusé
de lui être soumise comme celui-ci le souhaitait. Rejetée,
démonisée, puis oubliée, elle a été
remplacée par Ève, que Dieu le Père a extraite de
la côte d'Adam.
Ève était née pour être l'ESCLAVE de l'homme.
La religion a fait de la femme un être inférieur, éternellement
soumis à l'homme qui est devenu son seigneur et maître...
* Femme pécheresse qui a croqué la pomme
* Femme tentatrice qui a incité Adam a en faire autant.
* Femme punie condamnée à accoucher (de fils !) dans la
douleur.
* Femme impure pendant ses menstruations et après l'accouchement.
* Femme sans âme à laquelle l'église n'a reconnu une
âme qu'après des siècles de tergiversations.
* Femme bouclée dans une ceinture de chasteté au temps des
croisades.
* Femme brûlée comme SORCIÈRE au Moyen Age et bien
après.
* Femme mutilée sexuellement pour prévenir la masturbation
interdite par l'église : clitoridectomie pratiquée jusqu'en
1937 en France. (Signalons le mutisme des missionnaires sur les mutilations
génitales féminines pendant la colonisation).
* Femme vierge : pour le plaisir du conjoint.
* Femme chaste : religieuse tenue à la chasteté, ce qui
n'est pas requis pour la majorité des religieux hommes.
* Femme servante de l'ordre établi. Culte tellement masculin qu'il
n'admet aucune femme dans sa hiérarchie, exception faite des femmes
mystiques qui ont soutenu le système.
* Femme aliénée privée du droit à la libre
disposition de son corps : obéissance à son mari, devoir
conjugal, interdiction du préservatif, de la contraception, de
l'avortement, du divorce.
* Femme exploitée : femme-UTÉRUS, MÈRE POUR REPRODUIRE
LA " RACE " MASCULINE (en attendant le clonage), astreinte aux
travaux domestiques et à l'élevage des enfants.
* Femme violentée victime expiatoire de la violence masculine.
* Femme esclave : femme-VAGIN, PUTAIN POUR LE DÉLASSEMENT DU MARI
et LE REPOS DU GUERRIER
N'ayant que des devoirs et aucun droit, jamais douée d'esprit et
de raison...
VIVE L'AN 2000 !
Le 8 mars, mais pour quoi faire
?
par FLORENCE MONTREYNAUD
AU Sénat, une majorité continue de s'opposer à l'introduction
dans la Constitution, conformément au texte voté par l'Assemblée
nationale, de l'idée d' " égal accès des hommes
et des femmes " aux responsabilités politiques. Cette impasse
parlementaire a relancé le débat public sur la parité,
les tenants de l'égalité républicaine refusant cette
" action positive " à laquelle l'opinion semble très
largement favorable. Voilà qui devrait animer la journée
internationale de la femme du 8 mars, ce rituel dont l'histoire a été
largement réinventée...
Que commémore-t-on le 8 mars ? Une grève de couturières
à New York le 8 mars 1857, comme le répètent année
après année nombre de journalistes ? Le travail des chercheuses
Françoise Picq et Liliane Kandel a établi que l'origine
américaine du 8 mars était une fable, apparue pour la première
fois dans le quotidien L'Humanité en 1955 (1). En réalité,
la Journée des femmes est une décision de la IIe Internationale
socialiste, avec pour but de mobiliser les femmes derrière les
organisations de la classe ouvrière et de contrer les féministes
dites " bourgeoises ". L'initiative en revient à l'Allemande
Clara Zetkin, lors de la conférence des femmes socialistes de 1910
à Copenhague. Quant à la date du 8 mars, elle fut choisie
par Lénine, en 1921, pour commémorer le jour fameux (correspondant
au 23 février dans le calendrier de la Russie tsariste) où,
en 1917, des ouvrières de Saint-Pétersbourg manifestèrent
dans la rue pour demander du pain et le retour des hommes du front, déclenchant
ainsi la révolution de février.
Le mythe des couturières new-yorkaises s'enracina pourtant un peu
partout dans le monde, et pour longtemps, à commencer par les Etats-Unis.
Bien que la vérité ait été rétablie,
une autre légende circule : la Journée aurait été
lancée par une décision des Nations unies en 1977. En réalité,
le 8 mars figure seulement au calendrier officiel de l'ONU. Le succès
de cette nouvelle version, analyse Françoise Picq, " tend
une fois de plus à masquer une histoire complexe derrière
une légitimation consensuelle ". Contrairement à ce
que l'on pourrait croire, cette controverse sur l'origine du 8 mars n'est
pas négligeable. Elle est significative de la difficulté
des femmes à faire reconnaître leur histoire, leur empreinte
à travers les siècles, leurs acquis (toujours fragiles)
et, par-là même, leurs droits.
On dit aussi que des féministes américaines auraient brûlé
leurs soutiens-gorge. Il n'en est rien. Cette légende se rapporte
à l'épisode fondateur du Women's Lib : lors du concours
de Miss America à Atlantic City (New Jersey), le 7 septembre 1968,
des femmes se bornèrent à jeter, publiquement, dans des
" poubelles de la liberté ", produits de maquillage,
bigoudis ou lingerie, symboles d'une féminité artificielle
qu'elles rejetaient.
Une autre confusion se répand, comme le signale l'avocate Odile
Dhavernas, concernant le viol. On croit que, sous la pression des féministes,
la loi française de 1980 a davantage puni le viol ; en réalité,
la peine maximale est passée de vingt ans à dix ans d'emprisonnement.
L'innovation de cette loi a simplement consisté à élargir
la définition du viol, qui s'applique désormais à
tout acte de pénétration. Certains affirment que cette loi
aurait fait du viol un crime. Or il l'était déjà,
et depuis longtemps. Marie-France Casalis (2), spécialiste des
violences sexuelles, a mené l'enquête. D'un entretien avec
Georges Vigarello, historien, auteur d'un ouvrage important sur cette
question (3), il ressort que le viol a été considéré
comme un crime dès la fin de l'Ancien Régime...
Autre malentendu : oubliant les faits - viols, excision, harcèlement
sexuel, prostitution, etc. - contre lesquels s'insurgent les féministes,
celles-ci se voient reprocher des " excès ". Mais qu'y
a-t-il d'excessif à dénoncer le sexisme ? Le Royaume-Uni
et les pays nordiques l'ont bien compris : les autorités n'ont
pas hésité à faire expurger les livres pour enfants
des éléments sexistes, toujours présents dans les
albums français (4). Comme le souligne l'humoriste Isabelle Alonso
(5), les agriculteurs, en déversant du fumier devant les préfectures
ou en bloquant les routes, obtiennent, par la violence, souvent gain de
cause, tandis que les féministes, qui ont toujours manifesté
pacifiquement et de préférence avec humour, sont souvent
ridiculisées, attaquées sur leur apparence ou sur leur sexualité.
Parfois, elles relèvent l'insulte et s'en font une gloire : ainsi
les 343 Françaises ayant osé révéler, en 1971,
qu'elles avaient avorté, rebaptisées par un hebdomadaire
satirique les " 343 salopes " ; ou, dans les années 80,
les mères des " disparus " argentins, fières d'être
les " folles de la place de Mai ".
Les féministes ne se battent pas contre les hommes, elles luttent
contre un système de discrimination, le sexisme. Périodiquement,
elles estiment avoir franchi une étape et voient se dessiner entre
hommes et femmes des relations plus équilibrées, de "
fraternité " - dernier mot du Deuxième Sexe de Simone
de Beauvoir, texte fondateur du féminisme contemporain (6). Quels
que soient le chemin parcouru et les avancées effectuées,
il reste toutefois des progrès à faire, et tout d'abord
en matière de langage.
Qui a pensé à relever, par exemple, les propos de tel journaliste
qualifiant Mary Robinson, présidente de l'Irlande, de " féministe
au meilleur sens du mot (7) ", ou ceux de tel critique voyant en
l'écrivaine Geneviève Brisac une " féministe
raisonnable (8) " ? Ou ceux de telle femme, exerçant de hautes
responsabilités, affirmant, sans mesurer ses propres contradictions
: " Sans être féministe, je pense que le rôle
des femmes dans la société reste en demi-teinte (9) "
? Pourquoi, dès qu'une femme possède un peu de caractère,
faut-il l'étiqueter " dame de fer " si elle est d'une
élégance bourgeoise, ou " pasionaria " dans le
cas contraire ? Comment certains médias peuvent-ils titrer : "
L'irrésistible féminisation du corps médical ",
comme s'il s'agissait de la propagation d'un virus ? Pourquoi qualifier
l'essayiste Erica Jong d' " Henry Miller en jupons (10) " ?
N'est-ce pas aussi incongru que d'appeler Julien Green " l'Anaïs
Nin en pantalon " ?
Exclues de toutes les commémorations
SELON certains médias, " les femmes ont gagné "
et " elles " seraient partout. A grand renfort de métaphores
militaires, on cite leurs " récentes conquêtes ",
les " derniers bastions " qu'elles auraient pris, de plus en
plus spécialisés (en France, celui de fusiliers-commandos
dans l'armée de l'air). Alors, si la victoire est totale, pourquoi
encore un 8 mars ? Pour ne pas oublier les ombres qui déparent
ce tableau prétendument radieux : dans les pays riches, les femmes
passent cinq fois plus de temps que les hommes à s'occuper des
enfants et des tâches ménagères ; à travail
équivalent, elles sont payées 25 % de moins qu'eux ; le
travail à temps partiel, subi et non choisi, les touche à
80 %. Dans le monde, les deux tiers des analphabètes sont des femmes
; elles sont 70 % des plus pauvres - un milliard au total - et, avec leurs
enfants, 80 % des réfugiés. Dans le tiers-monde, chaque
année, elles sont 600 000 à mourir de suites d'accouchement
ou d'avortement. Elles sont les principales victimes de la violence, tant
publique - le viol a été reconnu comme " crime de guerre
" à la conférence de Pékin en 1995 - que privée
: outre les 100 millions de mutilées du sexe que comptent l'Afrique
et l'Asie, nulle part elles ne sont à l'abri de la violence.
Quand seront-elles, partout, des citoyennes à part entière
- elles ne sont que 15 %, en moyenne, des élus dans les Parlements
et à peine 8 % en France ? Le 8 mars devrait être l'occasion
de chercher à accélérer ce fameux cours de l'histoire
qui, pour les droits des femmes, avance à l'allure d'un char tiré
par un escargot (11). Un exemple : où sont les femmes dans la mémoire
collective ? Elles demeurent peu présentes dans les manuels scolaires,
non seulement en histoire, mais dans les domaines scientifique ou artistique.
En France, Marie Curie est la seule femme à reposer au Panthéon
pour ses mérites scientifiques. Combien d'écrivaines figurent
dans ce panthéon de papier que constitue aux éditions Gallimard,
la collection de " La Pléiade " ? Madame de Sévigné
n'y entra qu'en 1953, puis vinrent George Sand, Marguerite Yourcenar,
Colette et Nathalie Sarraute. Il n'y a aucune étrangère
(ni les soeurs Brontë, ni Virginia Woolf, ni Gabriela Mistral) alors
que le premier étranger, Edgar Poe, fit son entrée dès
1932.
Que propose, en France, la commission des célébrations nationales
? Pour 1999, parmi quarante-quatre commémorations de la naissance
ou de la mort de personnalités, deux femmes seulement : la comtesse
de Ségur, née en 1799, auteure de livres pour enfants (réputés
pour leur cruauté), ainsi que la peintre Rosa Bonheur, morte en
1899. Quant au programme des émissions de timbres de l'année
1999, la seule femme retenue est encore la comtesse de Ségur, mais
ni Suzanne Lenglen, par exemple, ni Marguerite Durand, ni Marie- Andrée
Lagroua Weill-Hallé n'ont encore eu cet honneur. Cette dernière
fut l'une des fondatrices du Planning familial ; Marguerite Durand était
la directrice de La Fronde, un quotidien féministe administré,
dirigé, rédigé et composé par des femmes de
1897 à 1903 ; Suzanne Lenglen remporta six fois, entre 1920 et
1926, le Tournoi de tennis de Roland-Garros, un record toujours inégalé
par les joueurs des deux sexes (c'est seulement depuis 1996 qu'un court
porte son nom).
Il ne manque pas de femmes réelles, et non de Mariannes symboliques,
qui pourraient être ainsi honorées dans le panthéon
philatélique : la journaliste Séverine, la féministe
Hubertine Auclert, la peintre Sonia Delaunay, la compositrice Lili Boulanger,
et aussi Simone de Beauvoir, Gabrielle Chanel, Camille Claudel, etc. S'il
faut un prétexte d'anniversaire, on pourrait, par exemple, célébrer
en 2000 le centenaire de la Claudine de Colette, des premiers Jeux olympiques
mixtes, ou encore de l'admission au barreau de la première avocate
française, Jeanne Chauvin (12).
La France est l'un des rares pays à n'avoir pas célébré,
par l'émission d'un timbre, le cinquantenaire du suffrage vraiment
universel, car celui de 1848 n'était que masculin. Les Françaises
ont obtenu le droit de vote non pas en 1945 - date des premières
élections auxquelles elles participèrent -, mais le 21 avril
1944, quand fut signée l'ordonnance du gouvernement provisoire
d'Alger. Sous l'égide de l'Association des femmes journalistes
(13) s'est constitué, au début de cette année, un
Réseau pour la mémoire des femmes, le Réseau Séverine,
qui rassemble journalistes et historiennes. Il se propose notamment de
diffuser l'histoire du 8 mars et d'insister sur la date méconnue
du 21 avril 1944. Une date qui pourrait être l'occasion d'une réflexion
collective sur cette difficulté typiquement féminine et
plus que jamais d'actualité à l'heure des débats
sur la parité : exercer le droit d'être élue.
FLORENCE MONTREYNAUD
(1) " Attention, une commémoration peut en cacher une autre
", Histoires d'Elles, Paris, mars 1977 ; Liliane Kandel et Françoise
Picq, " Le mythe des origines ", La Revue d'en face, Paris,
no 12, 1982 ; Françoise Picq, " Le 8 mars, une date fictive
? ", in Terre des femmes, La Découverte, Paris, 1983.
(2) Conseillère technique à la délégation
régionale d'Ile-de-France aux droits des femmes.
(3) Georges Vigarello, Histoire du viol XVIe-XXe siècle, coll.
L'univers historique, Seuil, Paris, 1998.
(4) Sylvie Cromer et Adela Turin, Que voient les enfants dans les livres
d'images ? Des réponses sur les stéréotypes, Association
européenne Du côté des filles (8, rue Baillou 75014
Paris), 1998.
(5) Auteure de Et encore je m'retiens, Robert Laffont, Paris, 1996.
(6) Lire Sylvie Chaperon, " Le Deuxième Sexe en héritage
", Le Monde diplomatique, janvier 1999.
(7) The Independent, Londres, 8 mars 1997.
(8) Le Monde, supplément littéraire, 8 janvier 1999.
(9) Marie-Claude Pietragalla, directrice du Ballet national de Marseille,
Le Monde, 16 décembre 1998.
(10) Le Nouvel Observateur, Paris, 9 avril 1998.
(11) En 1928, des féministes suisses manifestèrent, à
Berne, en traînant devant le palais fédéral un gigantesque
escargot en carton-pâte représentant " la marche du
suffrage féminin en Suisse ". Les femmes n'ont obtenu le droit
de vote, en Suisse, qu'en 1971...
(12) Pour les timbres, des suggestions peuvent être envoyées
au Service philatélique, 111, bd Brune, 75014 Paris. Des idées
peuvent être aussi adressées au Service des droits des femmes,
31, rue Le Peletier, 75010 Paris.
(13) AFJ, 35, rue des Francs-Bourgeois 75004 Paris ; tél. : 06-08-03-26-94,
e-mail :afj webbar. fr
02 Décembre 1999 - SOCIETE par Karelle Ménine
Enquête. La Convention internationale sur la traite des êtres
humains a cinquante ans. Et pourtant...
En Europe, les filles de joie sont marchandées, violentées,
et le " julot " est devenu un homme d'affaires que rien n'effraie.
Ce qui n'empêche pas l'Allemagne ou la Hollande de demander la légalisation
du métier.
Les pavés gris sont humides, luisants comme un lac. Il fait froid
à Paris, il pleut. Cols et chapeaux sont sortis des placards. Elles
font un pas ou deux, tournent en rond, s'adossent à un poteau,
à un mur. Guère plus vêtues qu'en plein cour de l'été.
Ici, elles ont la couleur brune des femmes du soleil, là le teint
pâle des visages de l'Est. Elles, ce sont les prostituées.
Parfois ce sont aussi des hommes. Pourtant, la convention internationale
des droits de l'homme " pour la répression de la traite des
êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui "...
a cinquante ans. Cela n'a pas suffi.
L'absence d'un organisme de contrôle, qui serait spécialisé
dans la prévention et la lutte contre la prostitution, limite son
champ d'application. La prostitution se généralise, s'aggrave,
partout. Face à ce constat, les Etats prennent des positions différentes.
Depuis le 1er janvier 1999, la Suède a ainsi décidé
de pénaliser le client, en infraction dès lors qu'il achète
des services sexuels. Cela ne résout rien. Au Canada, on a choisi
la voie de la responsabilisation. Par l'intermédiaire de vidéos,
de médiateurs, on informe les hommes de ce qu'est la vie d'une
prostituée. La plupart du temps ils y sont sensibilisés,
ne souhaitent pas " y revenir ". Au sein de la Communauté
européenne, l'Allemagne et la Hollande, quant à elles, tendent
à " légaliser le métier de prostitué(e)
". Pays " réglementaristes ", ils disent vouloir
mettre les textes en conformité avec une réalité
sociale " plus vieille que le monde ", qui ne disparaîtra
pas. Ils disent aussi vouloir, en organisant légalement la prostitution,
en protéger les acteurs : clients, prostitué(e)s, les proxénètes
en bénéficiant au passage. La France, " abolitionniste
", aidée par plusieurs ONG européennes, a pu, jusqu'alors,
empêcher l'adoption d'un code européen sur la traite des
êtres humains qui sous-entendait le " caractère licite
de la prostitution volontaire ". Les associations, aidées
par les ministères concernés, s'en tiennent à un
objectif unique : aider les personnes prostituées à se réinsérer,
éliminer la prostitution. Comme on a un jour éliminé
la traite des Noirs.
· l'origine de la prostitution : une histoire où manque
affectif et violence se confondent. Toute personne en difficulté
économique ne se prostitue pas. Souvent les douleurs rencontrées
au moment de l'enfance rendent plus fragile, plus apte à se "
confier " à un souteneur. La France l'a désormais compris
qui ne considère plus véritablement la personne prostituée
comme une délinquante. Mais elle a opté pour une position
somme toute assez ambiguë : le ministère des Finances fait
payer les impôts, la cotisation à l'URSSAF, sans que cela
ne procure aucun droit à la protection sociale. Celui de la Justice
pénalise, celui de la Solidarité subventionne les associations
de lutte contre la prostitution. Ce sont donc elles les interlocutrices
privilégiées de l'univers de la prostitution. Elles qui
constatent l'accroissement de la violence, le rajeunissement de la personne
prostituée (même si cela reste encore très minime
chez nous), la mise en place de réseaux pour lesquels les frontières
sont inexistantes. L'argent de la prostitution est réinvesti dans
le trafic de drogue ou de voitures de luxe.
· l'heure actuelle, le client a totalement le choix, il pioche,
argumente, décide, racole. Il peut même faire " ça
" de chez lui : il lui suffit d'avoir un Minitel ou certains journaux.
Les annonces et numéros de téléphones ne manquent
pas, France Télécom s'en lave les mains et, désormais,
les proxénètes ne se montrent plus sur les trottoirs. Ils
gèrent, en managers, des réseaux internationaux de prostitution
parfaitement organisés. Ils tiennent les filles au chantage, à
la drogue, aux coups. · la veille de la fin du deuxième
millénaire, la capacité d'adaptation aux " évolutions
" de la société du " plus vieux métier
du monde " empêche sa disparition. Pour le plus grand malheur
de ses victimes, femmes, hommes ou mineurs.
" Le client n'hésite plus à être de plus en plus
violent vis-à-vis de la prostituée et aujourd'hui elle se
doit d'être extrêmement vigilante " explique Chant, du
Bus des femmes, association créée à Paris il y a
onze ans, par des anciennes prostituées. Elle ajoute : " Elle
se fait casser la gueule pour un oui pour un non, parce que le client
refuse le port du préservatif qu'elle exige, parce qu'il se défoule,
parce que ça l'amuse... La toxicomanie s'est imposée ces
dernières années avec beaucoup de force, et les filles sont
dépendantes de leurs doses. Du coup, elles n'ont plus trop de porte
de sortie. Elles sont prêtes à tout accepter. Elles peuvent
aussi être sans papiers et cela revient au même : elles sont
tenues. "
La prostitution est-elle plus violente qu'avant ? " La prostitution
a toujours été violente. Elle est violente par essence.
Par contre, cette violence est plus dénoncée qu'avant "
commente Benoît Omont, du Mouvement du nid, association qui s'efforce
de rendre possible la disparition de la prostitution. " Elle n'est
jamais occasionnelle comme on peut le dire. Une femme qui commence à
se prostituer n'en sortira pas facilement. ", dit-il. · l'heure
de la mondialisation, le commerce du corps se mondialise lui aussi. Elles
arrivent de partout, de l'Est souvent, c'est-à-dire des PECO (pays
d'Europe centrale et orientale), de l'Afrique, du Maghreb. Pour échapper
à la misère, à la guerre. Elles se précipitent
sur la première occasion, un concours de beauté, un casting...
là les professionnels du milieu ne sont pas loin. Parfois on leur
fait miroiter une vie plus riche, parfois on les achète, tout simplement.
Sur le marché européen, le prix d'une jolie fille tourne
autour des 10 000 francs. Et le vendeur peut être le frère,
le cousin, le petit copain. Après, c'est l'engrenage. Passage en
Italie, pour la " formation ". Des séances de coups,
de viols répétés, jusqu'à cent passes par
jour, non rémunérées, pour casser la résistance
de celles qui se rebellent. Puis c'est trois mois dans un pays, trois
mois dans un autre. En France, elles sont souvent en attente de statut
de demandeur d'asile. La menace sur la famille est aussi un formidable
outil : si elles tentent de s'échapper, si elles ne rapportent
pas la somme suffisante, c'est la mère, la petite sour qui risque
d'y perdre la vie. Alors elles se taisent, font semblant de s'en foutre,
d'apprécier cet argent facile qui aide ceux restés au pays.
Les faits divers narrant la fin du voyage ne manquent pas. Il y a quelques
jours, rue de la clôture, dans le XIXe arrondissement de Paris,
une prostituée a trouvé la mort. Egorgée. Dans la
plus grande indifférence. Le texte de la convention internationale,
dont la France est signataire, le dit pourtant clairement : " la
prostitution et le mal qui l'accompagne, à savoir la traite des
êtres humains en vue de la prostitution, sont incompatibles avec
la dignité et la valeur de la personne humaine. "
Karelle Ménine
Le commentaire du Mouvement du Nid :
La prostitution, une violence fondamentale
Depuis 60 ans, le Mouvement du Nid dénonce le système prostitutionnel
et sa violence. Aussi s'est-il réjoui de voir la prostitution clairement
citée au nombre des violences lors de la préparation des
Assises Nationales qui se sont tenues le 25 janvier. Nicole Péry,
secrétaire d'Etat aux droits des femmes, n'avait-elle pas affirmé
: " La traite des femmes, et plus particulièrement la prostitution,
constitue une atteinte au droit de la personne, à sa dignité
et à son intégrité " Elle constitue "
une forme de violence intolérable qui se nourrit des situations
de misère et d'exclusion " ? N'avait-elle pas réaffirmé,
au nom du gouvernement, son " attachement à l'esprit et à
la lettre de la Convention des Nations Unies de 1949 " qui affirmait
dans son préambule : " la prostitution et le mal qui l'accompagne,
à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution
sont incompatibles avec la dignité et la valeur de la personne
humaine (...) " ? Nous avions vu dans cette prise de position le
signe d'un tournant positif, un engagement de l'Etat français sur
une question toujours "oubliée".
Or, dans le discours qu'elle a prononcé le 25 janvier, jour des
Assises Nationales, nous nous étonnons de ne plus voir seulement
prononcé le mot de " prostitution ". Il n'est plus question
que du " trafic des êtres humains ", de mesures à
prendre pour protéger les victimes de ce trafic odieux organisé
au niveau international. Exit l'exploitation qui ne franchit pas les frontières.
Exit le mot même de " femme ". N'y-a-t-il pas là
le risque de voir la France abonder dans le sens de la politique européenne
qui, au bout du compte, prétend lutter contre les trafics pour
mieux légitimer, à l'image de la Hollande, la prostitution
comme bon métier pour les femmes ?
La violence des trafics est à dénoncer, c'est l'évidence.
Mais à condition de ne pas oublier que la prostitution en est le
but, le débouché; que la violence est au fondement même
de la prostitution, qui constitue l'institutionnalisation d'un abus de
pouvoir.
Combien de temps encore faudra-t-il rappeler que la prostitution est le
symbole des rapports inégalitaires entre hommes et femmes, un système
fondé sur les stéréotypes les plus rétrogrades
? Femme éternellement disponible, au service sexuel de l'homme,
homme mu par de prétendus besoins sexuels irrépressibles...
Quand en finirons-nous avec les clichés mensongers du Café
du Commerce voulant que la prostitution évite les viols ? A voir
les statistiques accablantes en matière d'agressions sexuelles
dans nos sociétés, la preuve du contraire est pourtant faite
! La vérité, c'est que la prostitution aggrave les viols
en entérinant dans les esprits l'idée que le corps d'autrui,
à commencer par celui des femmes, est un objet que tout homme peut
légitimement s'approprier.
Les violences contre les femmes sont indissociables. Comment espérer
voir évoluer le combat contre les violences si nous fermons les
yeux sur la plus fondamentale de toutes ? Comment lutter d'une main contre
le harcèlement sexuel, et le légitimer de l'autre s'il est
rémunéré ? Comment condamner le viol, appropriation
par la contrainte, et légitimer la prostitution, appropriation
par l'argent ? Comment espérer voir les femmes conquérir
le pouvoir politique et économique si elles demeurent reléguées
au rang de servantes sexuelles ? Les maisons closes ont été
fermées au moment où les femmes ont conquis le droit de
vote. A l'heure de la parité, il faut une politique résolue,
courageuse, de prévention et de refus de la prostitution.
Le temps est venu d'affirmer que la prostitution perpétue une culture
de violence, particulièrement contre les femmes. De la dénoncer
face à l'ampleur que prend le système prostitutionnel dans
une société de plus en plus régie par la logique
mercantile. Le corps des femmes n'est pas à vendre. " En cas
de violence, brisez le silence ", disait le slogan de ces Assises
Nationales contre les violences envers les femmes. Le silence qui pèse
sur la prostitution reste à briser.
Tu n'es pas moi
dit la femme
plus je te connais
et plus je veux connaître
qui ne me ressemble pas
Tu es comme moi
dit l'homme
plus je te comprends
et plus je me comprends
il me semble
Je suis la même
et je ne suis plus la même
depuis que je te connais
j'ai envie de connaître
tous ceux qui ne me ressemblent pas
Je ne suis plus le même
même si je suis le même
depuis que je te connais
j'ai envie de connaître
tout ce qui nous ressemble
JE M'EN VAIS
Paroles et Musique: Mannick 1977 "Paroles de femme"
Je m'en vais, je m'en vais
Parc'que j'ai tout pour être heureuse
A ce que disent mes copains,
Des hommes intelligents et sages,
Des gens qui me comprennent bien.
Je m'en vais...
C'est pas assez spectaculaire
n'avoir simplement du chagrin,
l'arc'qu'on n'arrive pas à faire
le métier que l'on aime bien.
Je m'en vais...
C'est pas facile d'être une femme
Entre l'amour et le métier,
Entre l'audace et puis le charme,
La tendresse et la liberté.
Je m'en vais...
Gare à celles qui s'appartiennent
Au lieu de vous appartenir,
Gare à celles qui se libèrent
ou qui essaient de s'en sortir.
Je m'en vais...
Et si la parole est à prendre,
C'est pourtant bien vous qui l'avez,
Depuis si longtemps que je tremble
A l'idée de vous l'emprunter.
Je m'en vais...
je parle trop souvent, peut-être
Mais c'est mon lot de tous les jours,Ricanez, si ça vous embête,
Mais vous n'en rirez pas toujours.
je m'en vais...
C'est pas facile d'être une femme
Même quand on est trop aimée,
C'est pas facile de vivre en cage
Même quand la cage est dorée.
je m'en vais...
Des mots qu'on dit un soir d'orage
Un jour de cafard ou d'ennui,
Quand les enfants ne sont pas sages
Et que l'on n'aime plus la vie.
je m'en vais...
Oui, mais à force de le dire,
On fait d'abord une chanson
Pour émouvoir ou faire sourire,
Et puis on s'en va pour de bon.
Le jour de vos noces, en rentrant, si vous mettez votre femme à
tremper, la nuit dans un puits...elle est abasourdie.
Elle a beau avoir toujours eu une vague inquiétude .
- " Tiens, tiens, se dit-elle, c'est donc ça le mariage, voilà
pourquoi on en tenait la pratique si secrète. Je me suis laissée
prendre en cette affaire. "
Mais étant vexée, elle ne dit rien. Et vous pouvez l'y plonger
longuement et maintes fois sans causer aucun scandale dans le voisinage.
Si elle n'a pas compris la première fois, elle a peu de chances
de comprendre ultérieurement et vous avez toutes les chances de
continuer sans incident, la bronchite exceptée, si toutefois cela
vous intéresse.
Quant à moi, ayant plus de mal dans le corps des autres que dans
le mien, j'ai du y renoncer rapidement.
Une boule de cristal
Sur un lit de montagne
Je rêve debout
Mais je tiens toujours
Je crois avoir des ailes
Dans ce labyrinthe où
Nul ne croit en rien
Dans cette poubelle où
S'entassent des ordures malodorantes
Ce lieu sans foi ni loi
Lieu de l'instinct et du verbe vide
Qui va à la dérive
Sans foi ni loi
Une boule de cristal
Sur un lit de montagne
Le promeneur solitaire est toujours
La risée de la foule (Labyrinthe, p. 24)
-----------------------
Lumière oblongue
Défense de fumer
Rideaux tirés
Valises alignées
Ne pas se pencher au dehors
La nature s'en va
Dans le vent du matin
Et puis
Dossier inclinable
Moi
Dans le train de la vie
Avec des hommes
Sièges à dossier inclinable
Qui suis-je?
Moi?
Un dossier inclinable? (Labyrinthe, p. 27)
-----------------------
Un être ou le vent
Souffle et brasse l'air
De la vie
Moi
Lieu indésirable de cette création trop humaine
Je meurs et passe
Vais-je renaître?
O délire des sens! (Labyrinthe, p. 16)
-----------------------
Ici tu te fais silence ici tu rallumes tes
trésors perdus mais mille fois retrouvés
tu brilles à ras de terre tes pensées se
brisent contre des parois aux peintures
rupestres ici aussi la main de l'homme est
passée et tu préfères garder le silence
farouche de tes jours ordinaires (GDS, p. 42)
-----------------------
Es-tu dans la terre dans la poussière dans le sable?
dans le vent dans l'argile des marais Toi
la grande absente de l'Histoire?
Un regard s'apprête à s'envoler rêver je ne
sais pas si tu es là dans l'Histoire des hommes
qui se conte ta place brille par sa vacuité
J'aimerais sortir du vide - insanité il reste
des pleurs arc-en-ciel quand tu médites
sur ta Planète (GDS, p. 41)
-----------------------
Elle ne sait plus s'il était l'île au milieu de
l'Atlantique elle ne sait plus quand elle
a habité en ce lieu préoccupé
Elle oui elle c'était une lettre de l'alphabet qui
se cherche depuis l'Egypte ancienne elle ne
sait plus si elle c'était le papyrus cette plante
d'eau qui malgré tout adore le soleil L
une écriture à angle droit (GDS, p. 14)
-----------------------
Recherche d'un sens
un centre
une absence
Le vide est là
Le plein aussi
jauni
pétri
vieilli
Traces du temps sans temps
mondes indéfinis
surgis
D'un chaos initial
ô femmes! (Labyrinthe, p. 28)
-----------------------
Si tu n'étais pas n'étais point l'homme
t'aurait fabriquée comme une poupée comme
un jouet et tu es et tu es et tu es pour
le bonheur la surnature de l'homme de
l'homme de l'homme et tu es et tu dors
et tu meurs dans les bras de feu de mots
de l'homme il court il court avec toi il
court sans toi et tu es et tu es née et tu
meurs sur l'estomac d'un nom d'homme
nom de père nom d'époux (Cordes de femmes , GDS, p. 55)
-----------------------
Ce Continent le leur avec sa forme en hache
surréelle ou une houe de labour dans la boue
dans le sable bavait sous leurs yeux angoissés
partagé en quatre en cinq cinquante
minuscules gâteaux de fête ce Continent le
leur faisait figure de foire sous leurs yeux
éplorés (GDS, p. 11)
-----------------------
Voici la Liberté enchaînée
Jusqu'à la moelle!
Dans les marais puants
Dans les poubelles de la ville
Dans les crottes de porc
Qui engraissent les plantes-et-les-fleurs-à-papa!
La Liberté est là
Noyée étouffée jusqu'aux os
Tremblante de froid de peur
De chaleur humaine
Comprimée
Compressée
Balancée dans la marge
Sous un bananier rêveur
Qui écrit en grosses lettres vertes
L'histoire de sous-hommes et demi
Virus indésirables
Qui grouillent vers la vie
Dans la plaie de la ville
Ils ne désirent qu'un peu de soleil! (Labyrinthe, p. 46)
-----------------------
Un beau matin elle retrouva enfin son
territoire de femme après mille détours
elle alla droit à l'oeil perçant du jour elle
capta le ton juste celui qui lui tombait dessus
comme un bagage séculaire le chant de la vie
qui lui collait à la peau (GDS, p. 23)
Je voulais simplement dire
Mon peuple
Faire mien le gamin tout nu
Au ventre bombé par la malnutrition
Mien le gamin en haillons
Traînant dans la poussière des rues
La peau du visage si blanchie par l'harmattan
Tendant aux passants une boîte de tomate vide
En guise de sébile
Mien, le vieil homme au talon crevassé
À même le sol sec.
Tirant et tirant encore la daba sur le sol sec.
Mienne, l'épouse pilant le mil pour la pâte du soir,
Pilant les feuilles de baobab sèches pour la sauce du soir
Et je quête en vain un goût de viande dans cette sauce.
Mienne, la triste cohorte de femmes
Vers un point d'eau lointain, incertain;
Et sur leurs lèvres desséchées, un chant se meurt
doucement
Mienne, la femme au ventre mûr revenant du champ :
Elle porte sur la tête un fagot de bois énorme
Et dans son dos le babil du bébé de l'an dernier.
Je voulais simplement dire
Mon peuple
Faire mienne la femme en couches qui s'éteint
La science des vieilles accoucheuses a failli,
Et les matrones du centre n'ont pu faire mieux.
Mienne, la fillette aux yeux hagards :
On la tient fermement, on lui écarte les jambes, brutalement
Et le couteau, souillé déjà
Arrache de sa gorge tendre un cri de douleur atroce! (Parturition, p.
16)
Je voulais simplement dire
Mon peuple
Mienne aussi et mienne surtout
Cette foule, cette masse
Autour du cousin Mogoba
Et sur tous les visages la même anxiété douloureuse
Mienne, cette femme, là - bas, au fond de la cour;
Elle frotte de ses mains le dos de la marmite sale
Et ses mains ont l'écaille du dos de la marmite
On la hèle, on lui apprend qu'à la ville
Son fils est élu député
Elle dit : Dépité?
Et s'en réjouit si peu que mon coeur se glace...
Je voulais simplement dire
Mon peuple
Miens tous ces regards a-vides ( autour du cousin Mogoba (Parturition,
p. 24.)
(" Comment élever
nos enfants ", 1948, distribué par les Caisses d'Allocations
Familiales)
12/16 ans
Notre Fils
Notre fille
Entre 12 et 16 ans, veillons spécialement à ce que notre
fils soit très occupé, suggérons lui une activité
extérieure intéressante pour le sortir de lui-même
; faisons lui connaître le sport pour développer ses muscles
et apaiser ses nerfs...
Maman, veillez à freiner dans votre fille ce qu'on appelle la sentimentalité.
Elle est dans les nuages puis passe par des moments de grande activité,
avant de revenir à nouveau à ses rêveries. Elle se
croit malheureuse et délaissée, incomprise, souffre d'un
complexe d'infériorité, est irrégulière de
caractère, violemment indépendante à ses heures puis
touchante d'attentions. Témoignez lui une affection redoublée,
soyez une grande sur auprès d'elle, veillez à ce qu'elle
soit toujours occupée, et utilement...
Aidons le à choisir un métier adapté à ses
goûts et à ses capacités et veillons à ce qu'il
l'apprenne bien pour devenir une valeur professionnelle. Aimons à
le faire parler de son avenir...
Confiez lui des responsabilités auprès des plus jeunes ;
laissez lui, de temps à autre, certaines initiatives, comme le
soin de préparer entièrement un repas, de tenir les comptes
du ménage. Que votre grande fillette puisse avoir, sinon sa chambre,
du moins une place suffisante, son petit " chez elle " qu'elle
arrangera à sa guise ; procurez lui des lectures intéressantes.
C'est ainsi qu'elle développera sa personnalité, sa féminité
et ne s'ennuiera pas à la maison.
Procurons lui des livres, entraînons le à profiter d'une
bibliothèque pour s'instruire, se cultiver, visiter par l'esprit
les pays étrangers et d'abord mieux connaître les multiples
curiosités de notre pays, la vie de ses hommes les plus illustres..
Parlons lui de la France et de la solidarité, de nos devoirs de
citoyens.. exaltons en lui des sentiments généreux : ils
y germeront facilement car à cet âge on est enthousiaste,
on croit, on aime se donner ; certes on est un peu excessif, irrégulier
par moments, mais c'est normal à 15 ans ! Surtout ne lui coupons
pas les ailes !
Prenez la au sérieux, parlez avec elle de ce qui plus tard fera
son domaine : qu'elle ait, depuis son adolescence, le désir d'arriver
au mariage en sachant bien tenir sa maison, soigner son mari et ses enfants.
J'étais celui qui sait seulement être contre
Celui qui sur le noir parie à tout moment
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi qu'un cur au bois dormant
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
Je te dois tout je ne suis rien que ta poussière
Chaque mot de mon chant c'est de toi qu'il venait
Quand ton pied s'y posa je n'étais qu'une pierre
Ma gloire et ma grandeur seront d'être ton lierre
Le fidèle miroir où tu te reconnais
Je ne suis que ton ombre et ta menue monnaie
J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel des étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson
J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu'il fait jour à midi qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne
Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux
Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N'est-ce pas un sanglot de la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dit que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve ailleurs que dans les nues
Terre terre voici ses rades inconnues
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un cur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
Le Hazar Afsanah nous emmène tous et toutes sur un tapis volant
vers l'Orient mystérieux, le pays des pays, quand le temps était
dans le temps et les rois dans des palais de jade et d'or...
Le roi Shariar régnait sur la Perse et les Indes. Il avait fait
l'amère l'expérience de l'infidélité féminine
et s'était promis, pour remédier à son malheur de
ne plus garder aucune femme : c'est pourquoi il épousait chaque
jour une jeune fille nouvelle, passait la nuit avec elle et la tuait au
petit matin.. La terreur habitait le royaune et les jeunes filles se terraient
pour lui échapper.
Un jour le Vizir chargé de trouver de nouvelles épouses
pour le roi, rentra chez lui éprouvé et soucieux car il
n'avait trouvé personne. Il tomba nez à nez avec sa fille,
Shéhérazade, qui lui dit : "Par Allah, Ô Père,
marie moi avec ce roi "
Hors Shéhérazade était aussi instruite, raffinée
et sensible que belle. Elle connaissait les histoires des grands rois,
les légendes des peuples, et les racontait avec talent
Shéhérazade devint la femme de Shariar, et dès la
1ère nuit raconta une histoire au roi qui souffrait d'insomnie,
s'interrompit à l'aube et promit la suite pour la nuit suivante.
Shariar fit grâce de la vie à sa femme jusqu'au lendemain
. Cela dura 1001 nuits, 3 années durant lesquelles Shéhérazade
conquit l'amour de son mari et lui fit 3 enfants sans qu'il le sût.
Lorsqu'elle apprit au roi l'existence de ses enfants, il avait déjà
pris sa décision " ô Shéhérazade, tu étais
dans mon cur avant la venue de nos enfants ", lui dit-il
Le changement profond que connut Shariar, son ouverture à l'amour
lui redonnèrent la joie de vivre ; il fit organiser des noces somptueuses
et écrire les 1001 nuits où on peut lire : " ils vécurent
dans les félicités et les délices et les joies, pendant
des années et des années, avec des jours plus admirables
que les précédents et des nuits plus blanches que le visage
des jours, jusqu'à l'arrivée de la Séparatrice des
amis, la Destructrice des palais, la Bâtisseuse des tombeaux, l'Inexorable,
l'Inévitable "
Shéhérazade désarma le roi par son intelligence,
le charma par sa douceur, le conquit par sa persévérance.
C'est la victoire de l'esprit sur la force, de la sagesse sur le cynisme,
la victoire de la Femme !
Textes divers, citations,
etc., cueillis sur internet ou ailleurs
Selon l'ONU, 4 millions de femmes et de jeunes filles sont achetées
et vendues chaque année dans le monde. Parmi elles, 7 000 Népalaises,
contraintes de travailler comme sex workers dans les maisons de Delhi
ou de Bombay, et deux tiers des 55 000 prostituées du Cambodge
recrutées de force. Selon l'association Empower, le tourisme sexuel
rapporte annuellement 1 milliard de dollars à la Thaïlande.
Autre exemple : on estime que, chaque année, environ 200 000 femmes
en provenance des pays de l'Est tombent entre les mains des proxénètes
européens. Selon Mme Larysa Kobelyanska, responsable de la Ligue
féminine de Kiev, " 100 000 Ukrainiennes ont été
en quelques années victimes des réseaux criminels de l'industrie
du sexe ".
Au total, la prostitution mondiale générerait un chiffre
d'affaires annuel compris entre 5 milliards et 7 milliards de dollars
(entre 5,4 et 7,6 milliards d'euros). D'après Interpol, une prostituée
procurerait en moyenne 700 000 francs (107 000 euros) par an à
son proxénète.
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A trente ans, une femme doit choisir entre son derrière et son
visage.
Styliste française [ Coco Chanel ]
Tant qu'une seule femme sur la planète subira les effets du sexisme,
la lutte des femmes sera légitime, et le féminisme nécessaire.
Ecrivain et féministe française [ Isabelle Alonso ]
Féminisme. Oui, je crois qu'il est convenable, avant que de faire
un enfant à une femme, de lui demander si elle le veut.
Ecrivain français [ Jules Renard ]
Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme.
Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe
chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un
paillasson.
Journaliste et romancière britannique [ Rebecca West ]
"Les femmes sont dépensières" c'est ce qu'on
dit quand une femme s'achète un maillot de bain. Un homme qui s'achète
une Porche assouvit une passion, faut pas confondre
Ecrivain et féministe française [ Isabelle Alonso ]
La violence verbale est la première étape de la violence
générale contre les femmes.
Ecrivain et féministe française [ Isabelle Alonso ]
Le travail des femmes n'est pas un cadeau pour les femmes, c'est un cadeau
pour la société.
Réalisatrice française [ Coline Serreau ]
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Le sexisme dans le langage
Pour la linguiste Marina Yaguello : "La langue est un système
symbolique engagé dans les rapports sociaux. () La langue est aussi,
dans une large mesure un miroir culturel qui fixe les représentations
symboliques et se fait l'écho des préjugés et des
stéréotypes, en même temps qu'il alimente et entretient
ceux-ci." Trois cas de sexisme dans la langage :
Jusqu'au moyen âge, il n'existait pas de règle de dominance
entre le masculin et le féminin. C'est le grammairien Vaugelas
qui en 1647 fixe les règles de l'accord établissant que
"la forme masculine a prépondérance sur le féminin,
parce que plus noble" Depuis nous n'en sommes toujours pas sorti
!
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Vocabulaire : *Plus jamais:
"le ministre est sorti avec son mari"
"le directeur est en congé de maternité".
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" Merci mon Dieu de m'avoir fait naître homme ". prière
quotidienne des hommes juifs.
..
"Il vaut mieux qu'un seul homme voit le jour plutôt qu'un millier
de femmes ". EURIPIDE
"La femme : un chameau que Dieu nous donne pour traverser le désert
de la vie ". le CORAN
"L'homme intelligent doit considérer la femme comme une propriété,
un bien qu'il faut mettre sous clef, un être fait pour la domesticité
et qui n'atteint sa perfection que dans la position subalterne ".
NIETZSCHE
"La nature destinait nos femmes à être nos esclaves.
Elles sont notre propriété. Elles nous appartiennent, tout
comme un arbre dont la production de fruits appartient au jardinier ".
NAPOLÉON 1er
"La femme est une propriété qu'on acquiert par contrat.
Elle n'est à proprement parler qu'une annexe de l'homme. C'est
une esclave qu'il faut savoir mettre sur un trône ". H. de
BALZAC
"L'homme est un cerveau, la femme une matrice ". J. MICHELET
"La femme est donnée à l'homme pour qu'elle fasse
des enfants. Or une femme unique ne pourrait suffire à l'homme
pour cet objet ". NAPOLEON 1er
"La femme est une fabrique de musulmans ". A. BEL HADJ
"Le Seigneur Dieu dit à la femme : " Je ferai qu'enceinte,
tu sois dans de grandes souffrances. C'est péniblement que tu enfanteras
des fils. Tu seras avide de ton homme et lui te dominera ". la BIBLE
"La dignité d'une femme est de rester inconnue. Sa seule
gloire réside dans l'estime de son mari et le service de sa famille.
Dieu l'a créée pour supporter les injustices de l'homme
et pour le servir ". J.J. ROUSSEAU
"L'homme doit être élevé pour la guerre et la
femme pour le délassement du guerrier ". NIETZSCHE
"Il faut traiter toutes les femmes comme des objets pour le plaisir
de la moitié noble de l'humanité ". SADE
"Il est entendu une fois pour toutes que les hommes ont le droit
de chasse. Au gibier féminin de se garder ". F. MAURIAC
"Les femmes sont comme les miroirs, elles réfléchissent
mais elles ne pensent pas ". H. BERAUD
"La femme est un animal à cheveux longs et à idées
courtes ". SCHOPENHAUER
"Émanciper les femmes, c'est les corrompre ". H. de
BALZAC
"L'envie de réussir chez une femme est une névrose,
le résultat d'un complexe de castration dont elle ne guérira
que par une totale acceptation de son destin passif ". S. FREUD
"Le corps de la femme est comme le garde manger des plaisirs de
l'homme : quoi de plus simple que de mettre un cadenas au garde manger
? ". Dr FAUCONNEY
"L'ablation du clitoris et la terreur de l'adultère (administration
sur la place publique d'un lavement d'eau pimentée où nagent
des fourmis) ont apaisé fortement le tempérament de nos
négresses, assagies du coup ". Y. OULAGUEM
"L'excision est agréable à Allah ". Grand Muphti
de La Mecque (20ème siècle)
"Bats ta femme comme tu bats ton blé, t'auras du bon froment,
t'auras de beaux enfants ". proverbe français
"Bats ta femme tous les matins : si tu ne sais pas pourquoi, elle
le sait ". proverbe arabe
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LES OPPRIMEES PRENNENT LA PAROLE !..
"La relation entre l'homme et la femme est le modèle de toute
oppression et synonyme de l'oppression même ". T. Grâce
ATKINSON
"Sans doute la postérité se demandera-t-elle comment
une société " égalitaire " a pris pour
accordé l'oppression des femmes. On dirait que, même chez
les individus que toute oppression indigne, il existe là une sorte
de tâche aveugle : littéralement ils ne VOIENT pas celle
que subissent les femmes ". Simone de BEAUVOIR
"Il est dans l'intérêt de l'oppresseur de s'unir avec
l'opprimée; la clé du maintien de l'oppression consiste
à empêcher les opprimé/e/s de s'unir ". T. Grâce
ATKINSON
"Les hommes ont élaboré une argumentation compliquée
pour prouver que les femmes, par nature, sont adaptées à
leur rôle. C'est toute l'idée de la NATURE DE LA FEMME...".
D. DENSMORE
"L'exploitation des femmes est devenue la plus grande entreprise
multinationale de haut profit que l'on ait organisée au cours de
l'histoire ". Han SUYIN
"Le sexe est une catégorie statutaire aux implications politiques
". Kate MILLET
"On peut juger une civilisation à la façon dont elle
traite les femmes ". Helen FOSTER - SNOW
"La libération de la femme c'est l'expression complète
de soi dans le monde ". Rolande BALLORAIN
"Se vouloir libre, c'est aussi vouloir les autres libres ".
Simone de BEAUVOIR
"Plus les femmes seront libres, plus les hommes le seront aussi.
Car, lorsqu'on asservit quelqu'un, on est aussi asservi ". Louise
NEVELSON
"L'asservissement ne dégrade pas seulement l'être qui
en est victime mais aussi celui qui en bénéficie ".
Germaine TILLON
"Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux ". Dolorès
IBARRURI
"Les femmes ne veulent pas qu'on leur accorde l'égalité,
elles veulent la conquérir ". Simone de BEAUVOIR
"Il est plus facile de vivre à travers quelqu'un d'autre que
de devenir totalement soi-même ". Betty FRIEDAN
"Il y a deux façons de diffuser la lumière : en être
la source ou être le miroir qui la reflète ". Edith
WHARTON
"Il vaut mieux ne pas instruire les êtres humains que l'on
dépouille de leurs droits. C'est plus sage et plus prudent ".
Françoise PARTURIER
"Le mariage est un véritable éteignoir de tout ce qui
est grand et qui peut avoir de l'éclat ". Julie de LESPINASSE
"La maternité - telle qu'on la conçoit aujourd'hui
- est le maillon le plus solide du système qui enchaîne les
femmes ". Alice SCHWARZER
"Virilité et féminité ne sont pas des faits
de nature mais de culture ". Alice SCHWARZER
"Le féminisme, c'est chercher à devenir ce que l'on
est, et faire ce que l'on a envie de faire en tant qu'individue et non
en tant que femme ". Jane O'REILLY
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Le 8 mars 1998, devant un parterre de trois cents femmes invitées
à Matignon, Lionel Jospin évoque le droit de vote obtenu
par les Françaises en 1945! Chahut dans l'assemblée. "On
a mal préparé mon discours", s'excuse penaud, notre
Premier-ministre. (c'était le 17 avril 1944, ndlr)
(Marie-Claire, mars 1999)
En guerre contre Nicole Notat, Marc Blondel, secrétaire national
du syndicat FO , pose une devinette graveleuse à un journaliste
"Pourquoi Nicole Notat prend-elle ses vacances dans le sud de l'Espagne?
Parce que là-bas, les taureaux ont les plus grosses couilles".
(Le Nouvel-Economiste du 5/09/97)
"Ah, ça va être encore le concert des vagins!",
ricanent des politiciens quand Roselyne Bachelot monte à la tribune
du Conseil national du RPR. Robert Pandraud grommelait "Quand c'est
une femme qui parle, c'est 80% de conneries!".
(Marianne du 5 au 11/10/ 1998)
"Le pire, ce sont les insultes. Contre les femmes, elles dérapent
toujours en agressions personnelles et sexistes. Dans la rue, mais aussi
parfois dans les séances de l'Assemblée nationale où
l'on a entendu crier "Nique ta mère" ou "C'est pas
à toi que ça arriverait", à propos d'un question
de viol." Frédérique Bredin (Marie-France, juillet
1997)
"Deux vieux militants s'esclaffent en voyant Roselyne Bachelot fendre
la foule
dans un tailleur bleu pétant dont elle a le secret :" Elle
est belle Madame Pacs, enfin plutôt Madame Tampax!"
(Marie-Claire, octobre 2000)
Dans le guide du Petit Fûté 2000 de Montpellier, une interview
de Louis Nicollin, patron du club de foot de Montpellier nous apprend
que : " si on se marie, c'est pour avoir des enfants, c'est pour
assurer une famille. Il ne faut pas que ce soit une connasse. Les connasses,
on les tire avant et l'on s'amuse avec. Comme il y a plus de connasses
que d'intelligentes, il faut faire un choix..." Citoyennes Maintenant
et le Collectif du droit des femmes du Gard lui ont demandé des
excuses qui prendraient la forme de la prise en compte financière
de la réédition du Petit Fûté sans ses propos
pas très affûtés!
L'entraîneur de foot de l'Olympique Lyonnais refuse obstinément
que les équipes de foot féminines fassent le lever de rideau
des matches. La raison : "Les footballeuses abîment la pelouse!".
Depuis le temps, elles savent pourtant qu'on ne dribble pas en talons
aiguilles!"
Je suis content qu'une telle brouteuse gazon soit partie brouter à
Bagneux ! " Philippe Pezenec, maire du Pessis-Robinson, le 28 mai
1999 lors du conseil municipal, à propos de Nicole Abar. Cette
ancienne internationale protestait contre la fermeture de la section de
foot féminin du club du Plessis-Robinson pour laisser la place
aux garçons.
Le docteur Jean-Pacal Serbera, élu d'extrême droite au conseil
municipal de Toulouse, traite la socialiste Yvette Benayoun Nakache de
"mal baisée" et "d'hystérique". Le juge
Fabrice Rives décide d'un non lieu, considérant que "le
terme de mal baisée n'est pas injurieux sauf à nier l'évolution
des murs.." et qu'en utilisant le terme "d'hystérique",
le bon docteur n'a fait que "brosser un tableau clinique d'un sujet
emporté au cours d'une joute verbale." Malaise, y compris
chez les magistrats.
(4 exemples cités dans le dossier "15 flagrants délits
de sexisme" dans Marie-Claire août 2000)
En février dernier, Jean Glavany, ministre de l'Agriculture parle
publiquement de Michèle Alliot-Marie comme de "la poupée
qui dit non"! Ségolène Royal lui a remonté les
bretelles en lui reprochant ce "machisme ordinaire"...
(Le Nouvel Observateur du 27/1 au 2/2 2000)
" Il y a trop de femmes dans l'Education nationale, l'autorité
se perd, il faudrait mettre plus d'hommes ", Claude Allègre,
alors encore ministre
(Le Monde 18/3/2000)
" Le problème, c'est Martine Aubry. Cette dame est dogmatique.
C'est une frustrée. Comme dirait Bigeard, il faudrait lui envoyer
un parachutiste ", Jean-Paul Luce, chef d'entreprise lors d'une réunion
publique du Medef.
(cité dans Le Monde du 6/9/2000)
"A chacune de ses sorties en banlieue, elle avait une caméra
greffée au cul. Tout ça pour finir par dire qu'elle était
une vache à lait. J'ai vu la vache, mais j'ai pas vu le lait!".
Guy Bedos à propos de Martine Aubry
(Libération 23/12/1999)
"Ce qui fait marcher le monde, c'est le cul et l'argent. Les femmes
sont terribles pour cela. Comme elles savent qu'on meurt avant elles,
elles vous demandent tout de suite une assurance-vie." Jean-Pierre
Mocky
(Libération 10/01/2000)
Saint Valentin 2000, la pub pour le téléphone portable
Nomad, de chez Bouygues, met en scène une poupée gonflable,
bouche grande ouverte, attablée au restaurant, le slogan "Un
Nomad et un voyage pour la Saint Valentin, votre fiancée va en
rester bouche bée". Justification de Gérard Jean, directeur
de l'agence Jean&Montmarin responsable des campagnes Nomad pour Bouygues
Télécom : " On ne voulait pas faire dans le genre bêtassou
avec des petits curs pour la Saint Valentin. C'était une
bonne farce dans le style des Nuls. Cela faisait rire tout le monde à
l'agence, même les filles. On n'y a pas vu malice. J'avoue qu'on
a fait une erreur ! "
(Marie-Claire, août 2000)
La parité, selon le maire de Nice, Jacques Peyrat : "Je dois
sortir 20 types pour faire la place à 34 greluches. C'est horrible!"
A moins que les "greluches" décident de sortir Peyrat!
(Marianne 29 janvier/ 4 février 2001)
Roxane Decorte s'est taillé un joli succès d'estime dans
les coulisses du conseil national du RPR. Il lui a suffi d'une phrase
: "après les Juppettes, les Séguinettes", entendait-on,
pour empêcher Seguin de la virer en tête de liste du XVIIIe.
Et plusieurs d'ajouter : "Il faut toujours se méfier des femmes
qu'on prend pour des pots de fleurs. Un jour, on se les ramasse sur la
tête."
(Marianne 29 janvier/4 février 2001)
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Le langage, la possibilité de s'exprimer nous met en position
de pouvoir. Pour assurer celui-ci, il est essentiel de le garder, de contrôler
la parole des autres.
La lutte pour l'égalité est aussi une lutte contre la langue
du mépris.
Le déséquilibre reste tout autant important dans la répartition
des tâches domestiques. Selon l'INSEE, en 1986, un homme actif consacre
en moyenne 45h par semaine (transports compris) pour le travail professionnel
et seulement 20h par semaine au travail domestique (ménage, courses,
enfants, factures). Soit un total de 65h par semaine. Pour une femme active,
la répartition est de 36h par semaine en moyenne pour chaque, soit
un total de 72h. Le plus significatif concerne les inactifs : un homme
sans emploi consacre 27h40 par semaine à la maison. Un femme sans
emploi y consacre 44h par semaine ! Le chômage et les vacances n'existent
donc pas pour les femmes.
Cette spoliation de la valeur du travail des femmes ne pouvait pas être
sans conséquence après leur entrée massive dans le
salariat : si le travail des femmes à la maison ne vaut littéralement
rien, pourquoi le travail qu'elles effectueraient à l'extérieur
vaudrait-il quelque-chose ? La non-valorisation du travail des femmes
a donc tendance à se transmettre et se perpétuer au salariat,
par des salaires moindres, on l'a vu, et par la dévalorisation
des métiers où elles sont cantonnées (secrétariat,
nettoyage, enfance, soins, services personnels). On retrouve d'ailleurs
dans ces branches du salariat une autre catégorie de personnes
opprimées : les étrangers.
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Il est évident que les éducateurs (même s'il s'agit
le plus souvent d'éducatrices) n'attendent pas les mêmes
performances physiques des garçons que des filles, et de fait n'ayant
pas les mêmes exigences, leur développement moteur est différent.
Il en est de même pour les performances intellectuelles : il a été
montré que les enseignants (hommes ou femmes) donnaient plus souvent
la parole aux garçons. Ceux-ci sont par conséquent plus
stimulés. Ce phénomène apparaît dès
l'école maternelle et devient de plus en plus criant au fil de
l'avancée dans le parcours scolaire. Les bacs dévalorisés
(tel l'ancien bac G) sont pour les filles, les filières scientifiques
l'apanage des garçons. De même il y a plus de garçons
que de filles qui font des études longues. Bien évidemment,
les filles n'ont pas moins de capacités intellectuelles que les
garçons (la bosse des maths n'est pas dans le chromosome Y) ; mais
les filles comme les enseignant(e)s ont intégré l'équation
: "fille = nulle en maths", ainsi quand les difficultés
apparaissent, moins d'efforts sont déployés pour les dépasser.
C'est de cette manière que l'on rend vrais les présupposés.
C'est la même logique qui est en oeuvre quand on dit que les filles
ont plus de maturité. C'est parce qu'on les a éduquées
différemment : les filles font l'apprentissage de la responsabilité
plus tôt, qu'il s'agisse de tâches ménagères,
ou de veiller sur les plus petits. Cette éducation genrée
a des conséquences profondes sur le développement des individus.
On a montré qu'en dehors de toute considération d'origine
sociale, les adolescentes ont une moins bonne estime d'elles-mêmes
que les adolescents. Ceci perdure à l'âge adulte, ce qui
explique que les femmes entreprennent moins.
Dès l'enfance la petite fille se doit de correspondre à
un certain nombre de normes comportementales et physiques : sa poupée
Barbie est à l'image de ce à quoi elle devra ressembler
quand elle sera grande. Ces normes sont extrêmement contraignantes
et complètement en dehors de la réalité (pour exemple
le canon de la mannequin qui mesure 1m 80 pour 55 kilos). Elles peuvent
conduire à des maladies mentales comme l'anorexie (maladie exclusivement
féminine occidentale et contemporaine), qui est bien entendu liée
au culte de la maigreur et du "corps parfait" si répandu
dans les médias. Les femmes ont tellement intériorisé
cette nécessité de correspondre à une multitude de
normes, qu'elles en arrivent à accepter de subir ou de s'auto-infliger
des souffrances corporelles. Ainsi, nombre de femmes africaines ont parfaitement
intégré la nécessité de l'excision pour elles
comme pour leurs filles ; toutes proportions gardées la logique
est la même quand une femme s'épile à la cire bouillante,
elle obéit à deux postulats indéracinables :
1 - il faut souffrir pour être belle ;
2 - le poil n'est pas féminin (mais pourquoi serait-il masculin
puisqu'il pousse chez les deux sexes ?). Il en est de même pour
les régimes tyranniques complètement déséquilibrés
et totalement injustifiés (le régime est d'abord un acte
médical quand le poids devient un problème de santé).
Nous participons tous, homme ou femme, à la perpétuation
du patriarcat car nous l'avons intériorisé. Ce conditionnement
est constamment renforcé par ce que nous vivons, lisons, voyons
Cela nous porte, même inconsciemment, à reproduire des comportements
sexistes. C'est à nous tous, hommes et femmes, d'en prendre conscience
pour briser cette spirale infernale.
Anne TURLURE
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toutes les pilules ne sont pas remboursées (stérilets,
diaphragmes, spermicides le sont encore moins), car l'on considère
qu'il s'agit de médicaments de confort. Le Viagra va être
remboursé
Enfin il n'existe pas de contraception masculine, ce n'est pas que cela
soit irréalisable, mais les laboratoires n'investissent pas dans
ce domaine de recherche : les hommes ne se sentent pas concernés.
Tout ce qui tient de la fécondité et de la reproduction
est à la charge des femmes, une fois encore.