LE
GROS CHAT DU MARCHE
Paroles et Musique de Gilbert Lafaille
1°
Comment ? Vous saviez pas ?
Elle a perdu son chat
Le gros chat angora
Qu'elle emm'nait au marché
Comment ? Vous saviez pas ?
Elle a perdu son chat
Perdu, enfin perdu...
Moi j'dis qu'on lui a volé.
Niark! Niark! Niark! Niark!
Oh! Quand on voit c'qu'est dev'nu not' quartier
Ah! C'est plus c'que c'était,
y'a pas d'quoi s'étonner!
2°
Comment ? Vous saviez pas ?
On lui a volé son chat
Le gros chat angora
Qu'elle emm'nait au marché
Comment ? Vous saviez pas ?
On lui a volé son chat
Volé, enfin, volé...
P't-être bien qu'ils l'ont mangé.
Niark! Niark! Niark! Niark!
Oh! Quand on voit c'qu'est dev'nu not' quartier
Y faut s'attendre à tout,
avec ces étrangers!
3°
Comment ? Vous saviez pas ?
Maint'nant y volent les chats
On commence avec les chats
Et... va savoir après...
Comment ? Vous saviez pas ?
Ils habitent à côté
A quinze dans un galetas
Sans eau et sans W.C.
Niark! Niark! Niark! Niark!
Oh! Quand on voit c'qu'est dev'nu not' quartier
Si c'est pas malheureux!
Manger des chats français!
4°
Comment ? Vous saviez pas ?
Tout l'monde ne parle que d'ça
La fille d'la dame au chat
Dit qu'elle s'est fait violer!
Comment ? Vous saviez pas ?
Parait qu'il l'ont droguée
Et qu'il voulait l'emmener
Dans leur pays là-bas...
Niark! Niark! Niark! Niark!
Oh! Quand on voit c'qu'est dev'nu not' quartier
Il faudrait plus de ronde,
on n'est pas protégés!
5°
Comment ? Vous saviez pas ?
On forme un comité
Pour les faire expulser
Avant qu'y ait d'autres dégâts
Le frère de mon beau-père
Connaît l'adjoint au maire
Qui dit qu'le député
Couvrira toute l'affaire
Niark! Niark! Niark! Niark!
Oh! Quand on voit c'qu'est dev'nu not' quartier
Il était temps dites-moi!
On a que trop tardé!
6°
Comment ? Vous saviez pas ?
Elle a r'trouvé son chat
Son chat ? Comment? Quel chat ?
De quel chat vous parlez
Le gros chat angora
Qu'elle emmenait au marché
Ah! Le chat du marché!
Oui... oui! J'l'avais oublié!
Celui qui aime pas les bêtes aime pas les gens.
Je l'ai entendu dire souvent,
par des gens biens.
En tout cas pas plus bêtes que leur chien
et quelquefois pas moins.
Des gens qui aiment bien leur chien j'en connais beaucoup ;
mais qui aiment bien le leur, pas celui du voisin
qui est pas bien propre, qui fait partout.
Il a toujours des puces, celui du voisin.
Les nazis ils en avaient des chiens
et ils les aimaient bien.
Les braves gens qui aimaient tant les bêtes...
alors vous pensez... les gens
LOUKOUM ET CAMEMBERT
Les Escrocs
Paroles et Musique: E. Toulis 1994 "Faites-vous des amis"
Tu les aimes pas,
Les autres marionnettes,
Celles en djellaba
Et turban sur la tête.
Elles font des prières,
Toi, t'en as pas besoin,
T'as du bon camembert
Et t'as du bon vin.
Pendant que tu cavales,
Amassant de l'oseille,
Elles n'ont pour capital
Qu'un rayon de soleil.
Elles grillent des merguez
Le soir sur le balcon.
Toi, t'astiques ta " R16 "
Et tu planques tes " ronds ".
Donnez-vous la main,
Loukoum et Camembert,
Car vous êtes en chemin
Vers le même cimetière.
Ben Saïd et Durand
Sont à la même école,
Des petits figurants
Dans un grand guignol.
Mais toi le Gaulois,
Le Ducon Lajoie,
Tu les aimes pas
Ces gens-là !
Ils ont d'autres coutumes
Que celles des gens du nord
Qui font dans le costume
Et la côte de porc.
Dans tes vilaines entrailles,
Tu sens monter la haine.
Tu voudrais qu'elles s'en aillent
Et tu cries vive le Pen.
Qu'ils restent chez eux,
Ces fumeurs de haschich,
On reste entre petits vieux,
Au pays des caniches.
Elles font pleins de rejetons,
Toi, tu préfères les chiens.
Tu te dis à quoi bon
S'encombrer de gamins.
Et pendant que tu t'angoisses,
Sous tranquillisants,
La marionnette d'en face,
Elle fait des enfants.
Elle fait de beaux gamins
Avec les yeux brillants,
Plus brillants que les tiens
Qui crient au droit du sang,
Car sais-tu, pauvre con,
Que le mariage consanguin,
Ça fait pas des canons,
Ça fait des crétins.
Connaissons-nous le langage
des yeux qui se cachent
au fond des yeux ? Nous avons peur.
Dehors sans cesse,
tout est prêt pour que les arbres même
ne lui parlent pas.
C'est nous qui restons seuls :
il aurait tant à nous apprendre
du soleil qui dit oui.
Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel
hommes des pays lointain
cobayes des colonies
Doux petits musiciens
soleils adolescents de la porte d'Italie
Boumians de la porte de Saint-Ouen
Apatrides d'Aubervilliers
brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris
ébouillanteurs des bêtes trouvées mortes sur pied
au beau milieu des rues
Tunisiens de Grenelle
embauchés débauchés
manoeuvres désoeuvrés
Polacks du Marais du Temple des Rosiers
Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone
pêcheurs des Baléares ou bien du Finisterre
rescapés de Franco
et déportés de France et de Navarre
pour avoir défendu en souvenir de la vôtre
la liberté des autres
Esclaves noirs de Fréjus
tiraillés et parqués
au bord d'une petite mer
où peu vous vous baignez
Esclaves noirs de Fréjus
qui évoquez chaque soir
dans les locaux disciplinaires
avec une vieille boîte à cigares
et quelques bouts de fil de fer
tous les échos de vos villages
tous les oiseaux de vos forêts
et ne venez dans la capitale
que pour fêter au pas cadencé
la prise de la Bastille le quatorze juillet
Enfants du Sénégal
dépatriés expatriés et naturalisés
Enfants indochinois
jongleurs aux innocents couteaux
qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés
de jolis dragons d'or faits de papier plié
Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
qui dormez aujourd'hui de retour au pays
le visage dans la terre
et des bombes incendiaires labourant vos rizières
On vous a renvoyé
la monnaie de vos papiers dorés
On vous a retourné
Vos petits couteaux dans le dos
Étranges étrangers
Vous êtes de la ville
Vous êtes de sa vie
même si mal en vivez
même si vous en mourez.
Le vieille homme réfléchit
Assis face à la mer.
Il voit son Algérie
Cur sanglant sur la terre
Il a les larmes aux yeux
Marseille s'est endormie
Il vague comme il peut
Son bateau c'est l'esprit.
Sa vieille djellaba
Il l'a toujours portée
Comme ton costume de soie
Ton jean délavé
Et quand il a souffert
Aux rires des imbéciles
Son visage berbère
Parlait toujours kabyle
Surtout ne l'oublie pas
Car tu es né de lui
Dans ta banlieue p'tit gars
Si un jour tu l'oublies
Tu auras tout perdu
Ton père, ta mère, ta terre,
Et si tu n'en peux plus
Repense à ton grand-père.
Il est venu ici
Travailler pour le pain
Ses nuits, ses insomnies,
Les soucis quotidiens
Sa vieille djellaba
Elle les connaît par cur.
Il venait de là-bas
Il pleurait comme tu pleures.
Quand je dis il pleurait
Il pleurait comme la pluie
Je veux dire il disait
Tout ce qu'on a pas dit
Travailler pour le pain,
S'éteindre de fatigue
Ton grand-père comme le mien
Reste le meilleur guide.
La vieille djellaba
Toujourd contre sa peau
Tu n'es pas de là-bas
Mais tu es de sa peau.
Et les yeux du vieil homme
Tendus vers l'horizon
Ont le regard du gone
Qui écrit cette chanson.
Je veux dire en cela
Ouvrez tout grands vos yeux
La vieille djellaba
Ecorce du Bon Dieu
C'est l'amour d'un soldat
Qui déteste la guerre
C'est ton cur quand il bat
C'est l'âme de ton grand-père
Surtout ne l'oublie pas
Surtout ne l'oublie pas
S'il vous plait messieurs dames
Arrêtez de mentir
Mourir n'est pas un drame
S'exiler c'est mourir.
Le mot intégration
Est un mot de raciste
Cette terre c'est ton nom
Ta joie ton supplice.
Et ne l'oublie jamais
Ce vieux en djellaba
Il est porte-secret
Il est ton vrai combat.
Moi qui suis né d'ici
Qui m'en vais voir ailleurs
Je porte son Algérie
Comme on offre une fleur.
P'tit gars dans ta banlieu
N'oublie pas ton histoire
Un jour on devient viex
Un jour il se fait tard
La vieille djellaba
C'est tes yeux merveilleux
N'oublie pas mon petit gars
Tu es l'eau et le feu.
Et le vieille homme se lève
Tourne le dos à la mer
Marseille se réveille
Il commence à se taire.
La vieille djellaba
Portée par le soleil
Le ciel de haut en bas
S'éclaire d'un arc-en-ciel
Ce que vous appelez dans votre obscur jargon :
Civilisation - du Gange à l'Oregon,
Des Andes au Thibet, du Nil aux Cordillières,
Comment l'entendez-vous, ô noires fourmilières ?
De toute votre terre interrogez l'écho.
Voyez Lima, Cuba, Sydney, San Francisco,
Melbourne. Vous croyez civiliser le monde
Lorsque vous l'enfiévrez de quelque fièvre immonde,
Quand vous troublez ses lacs, miroirs d'un dieu secret,
Lorsque vous violez sa vierge, la forêt ;
Quand vous chassez du bois, de l'antre, du rivage
Votre frère naïf et sombre, le sauvage,
Cet enfant du soleil peint de mille couleurs,
Espèce d'insensé des branches et des fleurs,
Et quand, jetant dehors cet Adam inutile,
Vous peuplez le désert d'un homme plus reptile,
Vautré dans la matière et la cupidité,
Idolâtre du dieu dollar, fou qui palpite,
Non plus pour un soleil, mais pour une pépite,
Qui se dit libre, et montre au monde épouvanté
L'esclavage étonné servant la liberté !
Oui, vous dites : " Voyez, nous remplaçons ces brutes ;
Nos monceaux de palais chassent leurs tas de huttes ;
Dans la pleine lumière humaine nous voguons ;
Voyez nos docks, nos ports, nos steamers, nos wagons,
Nos théâtres, nos parcs, nos hôtels, nos carrosses
!
Et vous vous contentez d'être autrement féroces.
Vous criez : contemplez le progrès ! admirez !
Lorsque vous remplissez ces champs, ces monts sacrés,
Cette vieille nature âpre, hautaine, intègre,
D'âmes cherchant de l'or, de chiens chassant au nègre,
Quand à l'homme lion succède l'homme ver,
Et quand le tomahawk fait place au revolver !
LA
GLOIRE
De Pierre Seguers mis en musique par François
Gaël crée par Francesca Solleville
Mon beau dragon Mon lance-flammes
Mon tueur Mon bel assassin
Ma jolie brute pour ces dames
Mon amour Mon trancheur de seins
Mon pointeur Mon incendiaire
En auras-tu assez brûlé
Des hommes-torches et violé
Des jeunes filles impubères.
Broyeur de mort, lanceur de feu
Rôtisseur de petits villages
Mon bel envoyé du Bon Dieu
Mon archange Mon enfant sage
Bardé de cuir casqué de fer
Fusilleur Honneur de la race
Que rien ne repousse où tu passes
Mon soldat Mon fils de l'enfer
Va dans tes bêtes mécaniques
Ecraser ceux qui sont chez eux
Va de l'Equateur aux Tropiques
Arracher le bonheur des yeux
Va, mon fils, va, tu civilises
Et puis meurs comme à Epinal
Sur une terre jaune et grise
Où nul ne te voulait de mal.
La couleur de la peau du nègre varie du noir bistré au
noir satiné ; il a la chevelure crépue, la barbe rare, la
figure projetée en avant, c'est à dire oblique de haut en
bas et d'arrière en avant ; les yeux à fleur de tête,
le nez plus ou moins écrasé, les lèvres retroussées.
Les extrémités de son corps sont en disproportion avec sa
taille déhanchée. Mis en mouvement, on le reconnaît
à sa démarche un peu traînante. Ses genoux restent
légèrement fléchis pendant cet acte, et son pied
s'enfonce lourdement au lieu de se détacher du sol avec facilité.
Le nègre exhale une odeur pénétrante, qui diminue
par la propreté mais ne se perd jamais.
Le besoin de s'orner, de paraître beau, est plus fort chez eux que
chez n'importe quelle race du globe et leur fait perdre jusqu'au sens
commun. Leur orgueil es ridiculement développé.
Des résultats surprenants ont été obtenus en essayant
d'élever des enfants noirs dans nos écoles. Ils ont une
grande aptitude pour apprendre des langues, et le jeune nègre de
12 à 13 ans surpasse souvent le jeune blanc du même âge.
Mais vers la 18ème année, ces promesses d'une intelligence
si vives disparaissent, l'ancêtre des côtes de Guinée
réapparaît.
L'arrêt dans le développement intellectuel commun à
toute humanité, serait donc infiniment plus précoce et plus
prononcé chez le nègre que chez le blanc.
Faut il attribuer ce phénomène à la soudure prématurée
des os du crâne de cette race ?
Quelle que soit la cause de cet avortement de l'intelligence, le fait
est reconnu par la plupart des observateurs et ne peut être mis
en doute.
L'apathie et la profonde caresse sont leur principaux caractères
d'infériorité.
Aussi le noir est il bien peu fait pour la liberté. Tandis que
l'indigène du nord de l'Amérique préfère la
mort à l'esclavage, le nègre sacrifie volontiers sa liberté
pour sauver sa vie.
Livre de lecture courante pour le cours élémentaire
des Ecoles Primaires (3° édition 1932)
(extraits):
En ce temps là, des hommes comme personne n'en n'avait jamais vu
arrivèrent à Sagadi. Leur figure était blanche comme
la face de la lune; ils avaient des vêtements blancs et un grand
casque blanc les protégeait du soleil.
Tout le monde était en fête et on dansa une partie de la
nuit au son du tam-tam. Mais les plus joyeux furent les guerriers que
nos visiteurs emmenèrent avec eux le lendemain. Ils avaient été
choisis parmi les plus forts et les plus vaillants;
Les hommes blancs étaient alors en guerre contre d'autres hommes
blancs, Amara se battit vaillament aux côtés des Français
qu'il avait appris à aimer. Mais il fut gravement blessé
par une balle ennemi. Il serait mort comme beaucoup d'autres, si un grand
médecin ne l'avait pas si bien soigné
Voilà qu'un jour le rêve du négrillon s'est réalisé
: des hommes blancs, Français, sont venus pour chercher des noirs
et les emmener à Paris capitale de la France. Les Français
préparent une grande exposition des produits de leurs colonies.
.
Boussanga, le petit négrillon, est pressé d'arriver en France.
Quelques jours plus tard les Soudanais s'installent aux portes de Paris,
dans le bois de Vincennes où se tient l'exposition coloniale. Dans
le "village nègre" où ils vont vivre pendant quelque
mois, ils peuvent retrouver quelques-unes de leurs habitudes et ils se
sentent plus libres que sur le bateau. On a même construit pour
eux une hutte qui ressemble à celle de Sagadi et ils ont près
de leur porte, un groupe de palmiers comme ceux des bords du Niger.
Des milliers de visiteurs passeront chaque jour devant la hutte d'Amara
et de ses compagnons. Ils pourront les voir vivre comme dans leur pays.
Je n'aime pas l'Afrique
Je n'aime pas l'Afrique je déteste l'Afrique je méprise
l'Afrique
Si j'aimais l'Afrique mon esprit aurait déjà tout changé
Nous serions riche en désert dompté
en famine vaincue en maladie éradiquée
je n'aime pas l'Afrique qui piétine mes droits pour construire
outre Afrique
des chateaux en France des banques en Suisse
je n'aime pas l'Afrique qui se gausse des généraux inutiles
et dodus
achète des canons et méprise les charmes
Si j'aimais l'Afrique je fuirais les leurres des palais occidentaux
Je cracherais dans leur soupe démagogique
Qui entretient mon immaturité chronique
Alors je cultiverais la terre et l'amour
J'enseignerais l'Afrique aux africains
Je dirais à tous que tout viendra de nos mains
Mais je ne fais rien de tout cela
Je ne me bats jamais pour l'Afrique
J'attends oisif et indolent
Car c'est ça qu'ils veulent
Pour traire impunément
cette pauvre Afrique laitière
et nous vivons tous à ses dépends
lâches dans la misère
et lâches dans l'opulence
c'est pourquoi je n'aime pas l'Afrique
AFFICHE
PLACARDEE SUR LES MURS DE PARIS VERS 1850 (signé : un ouvrier)
"Des étrangers, les Savoyards inon-dent la capitale. Cette
peuplade enva-hissante porte un grand préjudice au pays. Ne serait-il
pas temps d'y mettre un terme et d'arrêter ce tor-rent qui déborde
sur la France?
Le Gouvernement doit protection à la classe ouvrière...
Est-il juste que des étrangers viennent moissonner les res-sources
du pays !
Il Y a en France 94 000 Savoisiens. ILs sont économes, gagnent
beaucoup et dé-pensent peu; le moins qu'ils peuvent mettre de côté
chaque année s'élève au minimum à 500 francs.
Je ne veux pas qu'on dise que j'exagère: je réduis cette
somme de moitié; je multiplie 250 par 94 000 : cela donne la somme
énorme de 23 MILLIONS 500 000 francs! Cette somme est enlevée
au commerce de détail, Soyons généreux, mais que
cette générosité ne soit pas douloureuse!
De quelle utilité nous sont ces Sa-voyards ? Quelle industrie
ont-ils ap-porté en France ? Si ce n'est colle de nous agripper
nos pièces de 5 francs !
Les commissionnaires de tous les chantiers de PARIS sont Français.
Mais le travail leur est enlevé par les Savoyards et ces malheureux
restent les bras croisés, A toutes les stations des chemins de
fer: partout des Sa-voyards ! La banque, le Trésor, les messageries,
les hôtels de vente, tous les grands établissements: partout
des Savoyards... Ils envahissent jusqu'aux sellettes des malheureux décrotteurs,
les ponts, les quais, les boulevards, les rues: toujours des Savoyards!
Les pièces de 5 francs qui entrent dans leur gousset n'en sortent
plus!
En Savoie, ils appellent la France leur Californie. Expatriez-vous, Français!
Faites place aux savoyards! On a bien crié, bien fait du bruit
contre !es Jé-suites, mais les Savoyards sont mille fois plus onéreux
par leur empiétement continuel. ..
Ce n'est pas tout: ils ont causé la ruine de plusieurs de nos
établissement; ils empêchent beaucoup d'autres de se for-mer...
S'ils n'étaient pas là, on ne verrait plus d'ouvriers
sans ouvrages, plus de do-mestiques sans place, plus de vaga-bonds...
Il Y a parmi eux des fils de fermiers, des gens aisés. Seuls les
malheureux restent dans leurs pays pour cultiver les terres..
Serait-il donc injuste d'exiger une par-celle des trésors qu'ils
nous enlèvent chaque année? Ne serait-il pas bien de leur
imposer de payer un impôt (patente) de 2 F par mois, 24 F par an
: cette somme serait affectée à quelques maisons de retraite,
pour des personnes âgées et sans ressources ?...
Cette pétition, devant être présentée de nouveau
il la Chambre nouvelle, est-il un Français, riche comme pauvre,
qui refuserait de donner son adhésion ?
".
"Signaler un abus, c'est faire acte de bon citoyen"
LA
BALLADE DES GENS QUI SONT NES QUELQUE PART
Georges Brassens
C'est vrai qu'ils sont plaisants tous ces petits villages
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
Ils n'ont qu'un seul point faible et c'est être habités
Et c'est être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts
La race des chauvins, des porteurs de cocardes
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Maudits soient ces enfants de leur mère patrie
Empalés une fois pour toutes sur leur clocher
Qui vous montrent leurs tours leurs musées leur mairie
Vous font voir du pays natal jusqu'à loucher
Qu'ils sortent de Paris ou de Rome ou de Sète
Ou du diable vauvert ou bien de Zanzibar
Ou même de Montcuq il s'en flattent mazette
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Le sable dans lequel douillettes leurs autruches
Enfouissent la tête on trouve pas plus fin
Quand à l'air qu'ils emploient pour gonfler leurs baudruches
Leurs bulles de savon c'est du souffle divin
Et petit à petit les voilà qui se montent
Le cou jusqu'à penser que le crottin fait par
Leurs chevaux même en bois rend jaloux tout le monde
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
C'est pas un lieu commun celui de leur connaissance
Ils plaignent de tout cur les petits malchanceux
Les petits maladroits qui n'eurent pas la présence
La présence d'esprit de voir le jour chez eux
Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire
Contre les étrangers tous plus ou moins barbares
Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Mon dieu qu'il ferait bon sur la terre des hommes
Si on y rencontrait cette race incongrue
Cette race importune et qui partout foisonne
La race des gens du terroir des gens du cru
Que la vie serait belle en toutes circonstances
Si vous n'aviez tiré du néant tous ces jobards
Preuve peut-être bien de votre inexistence
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
J'ai gazé quelque juif : c'est une race affreuse,
Puis je me suis distrait en écoutant Mozart.
J'ai fusillé des partisans : c'est la chienlit,
Puis j'ai humé la rose avec un tel amour !
J'ai dépecé l'Arabe : une bête de somme,
Puis j'ai mis des faveurs au cou de mon caniche.
J'ai enterré vivants des Arméniens : les Turcs
Avaient raison ! puis j'ai songé au Tintoret,
A Vélasquez, à Zurbaran. J'ai réchauffé
Le Nègre : était-il fade, avec sa sauce au vin !
Puis au bord de la mer j'ai relu Jean Racine.
J'ai arrosé les Vietnamiens, de ce napalm
Qui les réduit à ce qu'ils sont : quelque cloportes,
Puis j'ai fait ma chanson d'homme civilisé.
Tu n'es pas blanc de peau
Tu n'as pas la bonne nationalité
Toi le venu d'ailleurs
Qu'importe que tu sois né ici
Qu'importe que ta famille soit depuis longtemps enraciné ici
Qu'importe que tu ais fui un ailleurs pour ici
Qu'importe qu'ici tu ais tes amours , tes enfants , tes amis
Qu'importe qu'ici , tu ais choisi de construire ta vie
Et qu'importe pour eux , qu'ils t'aient embauché pour t'exploiter
ici.
Tu n'as pas les bons papiers,
Et cela va compter
Quand tu enfreins la loi ,que tu seras jugé.
Double peine pour double délit.
Délit passible de prison.
Délit de sale nationalité
Passible d'expulsion.
Tu n'as pas les bons papiers
Et cela va compter
Quand ils disent c'est assez de tous ces immigrés.
Ils crieront ton illégalité.
Tu es coupable d'exister
Tu es coupable de résister
Tu seras expulsé.
FRANCE
TERRE D'ASILE
PAYS DES DROITS DE L'HOMME
ils te bousculent , te parquent dans des camps
t'expulsent dans l'indignité.
Ils te menottent , te scotchent les pieds
Ils te bâillonnent , te droguent , t'étouffent , te chloroforment.
Ont-ils honte de tes cris , pauvre bétail à charter ?
Quand je pense à toi
Je ne peux m'empêcher
De penser à ce temps
Où tes surs , tes frères dans ces wagons plombés
Déchiraient la nuit de leurs ongles battants
FRANCE
TERRE D'ASILE
PAYS DES DROITS DE L'HOMME
OU ES TA DIGNITE?
Elle a débarqué dans la classe,
un vrai courant d'air,
drôle de dégaine et drôle de race
un matin d'hiver,
Au beau milieu de la dictée,
sur le ciel et la voix lactée,
elle s'est assise tout près de moi,
derrière le p'tit bureau de bois,
La maîtresse a dit elle s'appelle
Maria-Suzanna,
elle sera là jusqu'à Noël
puis elle s'en ira
Alors ça pouvait arriver
au beau milieu de la dictée,
une môme fagottée comme l'orage,
fille du vent et du voyage...
Refrain
Oh, Maria-Suzanna où es-tu,
dans quelle nuit t'es-tu perdue,
Reste-t-il pour croquer ta vie manouche,
quelques dents dans ta bouche ?
Ah, de Varsovie à Saragosse,
roulottes-tu toujours ta bosse
Si belle encore mais comme tes semblables,
toujours indésirable...
J'ai attendu à la sortie
pour accompagner
cette môme qui m'avait pas souri,
même pas parlé,
Elle a mis sa main dans la mienne,
j'ai suivi la p'tite bohémienne,
le long d'un boulevard tout gris
aux pauvres arbres rabougris,
Trois caravanes sous la neige
autour d'un grand feu,
comme un immobile manège
et des hommes entre eux,
Qui parlent une langue inconnue,
étonnés que je sois venue,
dans la gadoue chercher du miel,
au pays des romanichels,
Au Refrain
Ses petits frères l'attendaient
devant la roulotte,
et tous esemble ils sont entrés
en fermant la porte
Elle a fait adieu de la main,
et j'ai rebroussé mon chemin,
jusqu'à ma maison de ciment
où d'vait s'inquiéter ma maman,
En m'retournant j'ai vu encore
derrière le rideau
ses yeux noirs qui riaient si fort
qui tenaient si chaud
A l'école on n'a pas revu
l'enfant née en terre inconnue,
l'orage n'a plus éclaté
au beau milieu de la dictée
Refrain
Oh, Maria-Suzanna où es-tu,
est-ce d'avoir aperçue
A belles dents croquer ta vie Manouche,
que j'ai eu dans la bouche,
Ah, ce désir si fort de partir
et chanter pour ne pas trahir
L'enfant qui va sa vie, coûte que coûte,
sur l'infini des routes ....
Je suis l'homme je suis l'enfant
Je suis la femme noir la femme jaune la femme blanche
l'homme noir l'homme jaune l'homme blanc
je suis l'oiseau et le poisson et la tortue et le cheval qui court
je suis l'herbe et l'arbre
je suis la mer et la montagne
si je fais du mal à une partie de moi
à l'enfant qui est en moi
à la femme qui est en moi
de n'importe quel pays
de n'importe quel couleur
je me fais du mal à moi même
aussi ai-je souvent mal à toutes ces parties de moi
mutilées torturées affamées en quelque lieu du monde
que je rapproche et je serai entière et entier
que j'aurais assumé ma féminitude ma malitude ma négritude
ma jaunitude
je suis l'homme je suis l'enfant
je suis la femme noire la femme jaune la femme blanche
l'homme noir l'homme jaune l'homme blanc
je suis l'oiseau et le poisson et la tortue et le cheval qui court
je suis l'herbe et l'arbre
je suis la mer et la montagne
si je fais du mal à une partie de moi
à l'enfant qui est en moi
à la femme qui est en moi
de n'importe quel pays
de n'importe quel couleur
je me fais du mal à moi même
aussi ai-je souvent mal à toutes ces parties de moi
mutilées torturées affamées en quelque lieu du monde
que je rapproche et je serai entière et entier
que j'aurais assumé ma féminitude ma malitude ma négritude
ma jaunitude
je suis l'homme je suis l'enfant
je suis la femme noire la femme la femme jaune la femme blanche
l'homme noir l'homme jaune l'homme blanc
Pourquoi fallait-il mon frère
que Treblinka réponde à Chatila
Samachki à Guernica ?
Pourquoi fallait-il mon frère
que le plomb crible le soleil
de l'homme en sa course,
que s'effondre le ont de Vukovar ?
Pourquoi la mort vint-elle
aux enfants juifs
du bout d'un quai de gare à Pithiviers,
pourquoi ce train venu du Vel'd'hiv
plein de sourires voilés en juin quarante deux
s'en allant se consumer sous la signature
d'un sous-préfet ?
Les frontières sont le cur
des abécédaires. L'extrême efface
de son horizon l'espace
d'autrui et les fraternités.
Les foules acclament
de tout temps les pères de la patrie
qui vantent la réclame virile du drapeau.
Toujours la faute à autrui
l'homme de couleur, l'homme d'esprit.
Pourquoi fallait-il mon frère
que recommence sans cesse
la course aux panoplies
et que tout reste à faire
contre l'oubli ?
Le sang, le sang de l'homme aux enchères
sous la plume tremble.
Arrêtez de célébrer les massacres !
Arrêtez de célébrer les noms !
Arrêtez de célébrer les fantômes !
Arrêtez de célébrer des dates !
Arrêtez de célébrer l'histoire !
La jeunesse trop jeune à votre goût
Insouciante et consciente
Sait.
Depuis le temps que vous battez le rappel
Des souvenirs : le soldat inconnu, le mausolée de X,
Le machin de Y, le cimetière de Z.
Depuis le temps que vous écrivez les jours
Du calendrier avec du sang coagulé,
Délayé
Délayé pour la circonstance de la circonstance.
Ce sang coagulé,
Venin de la haine
Levain du racisme.
Je suis né en Allemagne nazie, et moi en Amérique
Noire, et moi en Afrique basanée, et moi je suis
Pied noir, et moi juif, et moi on m'appelait bicot.
On en a marre de vos histoires et vos idées
Elles
Rebuteraient tous les rats écumeurs de poubelles.
Elle
N'oublie jamais, la jeunesse malgré
Sa grande jeunesse mais
Elle
A horreur des horreurs.
Et les enfants d'aujourd'hui
Et ceux qui naîtront demain
Ne vous demandent rien.
Laissez-nous, laissez-les vivre
En paix
Sur cet îlot de l'univers
L'univers seule patrie.
DENTS
D'IVOIRE ET PEAU D'EBENE
Paroles et Musique: Gilbert Laffaille
Pas la peine oh pas la peine
De parler de celui-là
De ce type qui sue la haine
Et empeste le climat
De Bâton-rouge au Cap-Vert
De la mer Noire au Mont-Blanc
Ma maison c'est l'univers
Mon bateau c'est l'océan
Maori du bout du monde
Intouchable ou fils de roi
Petit homme aux boucles blondes
Italien de Charleroi
Jamaïcain d'Angleterre
Marabout de Courbevoie
Notre pays c'est la terre
Chacun est ici chez soi
Dents d'ivoire et peau d'ébène
Polynésienne aux yeux bleus
Marocain de Carthagène
Portugais de Saint-Brieuc
Teint de rose cheveux de laine
Fils de l'argile et du bois
Dents d'ivoire et peau d'ébène
Mêmes veines et mêmes doigts
Tous nés de la même terre
Du mystère et du chaos
De l'ombre et de la lumière
Du feu de l'air et de l'eau
Les basanés les métisses
Les Tziganes les Mexicains
Musulmans de l'île Maurice
Catholique Sud-Africain
Pas la peine oh pas la peine
De parler de celui-là
De ce type qui sue la haine
Et empeste le climat
De St Pierre à St Omer
De Comores à Nouméa
La seule patrie c'est la mer
Le soleil et l'au-delà
Indien nu de l'Amazone
Vieil Apache ou Iroquois
Petit enfant de la zone
Zoulou de Choisy-le-Roi
Africaine au port de reine
Déesse en sari de soie
Argentin de la Varenne
Chacun est ici chez soi
Dents d'ivoire et peau d'ébène
Eurasienne au rire joyeux
Polonais du bois de Vincennes
Chinois de la Terre-de-Feu
Teint de rose cheveux de laine
Filles de la neige et du froid
Dents d'ivoire et peau d'ébène
Mêmes douleurs et mêmes joies
Tous nés de la même pluie
D'une ovule et d'un têtard
Nés d'une étoile dans la nuit
De l'amour et du hasard
Les basanés les métisses
Les Irlandais les rouquins
Petit Français pain d'épice
Juif-arabe américain Break
Dents d'ivoire et peau d'ébène
Antillaise au corps de feu
Andalou d'Ile et Vilaine
Arménien de Périgueux
Jamaïcain d'Angleterre
Marabout de Courbevoie
Notre pays c'est la terre
Chacun est ici chez soi
Pas la peine oh pas la peine
De parler de celui-là
De ce type qui sue la haine
Et empeste le climat
De bâton-rouge au Cap-Vert
De la mer Noire au Mont-Blanc
Ma maison c'est l'univers
Mon bateau c'est l'océan
Les
droits de l'homme contre le racisme, pour la liberté et la diversité/1973
Par Jeanne Hersch
Il faut d'abord s'interroger sur la racine du racisme. Cette racine ne
réside pas dans le sentiment de supériorité à
l'égard d'un groupe humain jugé inférieur. Preuve
en soit l'antisémitisme en Allemagne hitlérienne, variante
du racisme, qui se nourrissait des sentiments d'envie et de peur face
à une prétendue supériorité intellectuelle
des Juifs. On constate donc que lorsque que naît le besoin du racisme,
celui-ci invente ses raisons : le groupe à haïr ou à
mépriser est une brute infatigable au travail ou la paresse incarnée,
doué d'une intelligence diabolique ou congénitalement abruti,
servile ou arrogant. Mais ces raisons sont secondes, destinées
à justifier le racisme. Elles ne l'engendrent pas.
C'est pourquoi il est non seulement peu scientifique et artificiel de
vouloir combattre le racisme en prétendant établir "l'égalité"
de fait de tous les hommes, cette notion d'égalité restant
équivoque, irréductible à celle du Q.I.("quotient
d'intelligence"), et comportant des paramètres innombrables
et infiniment variés. C'est encore une méthode inefficace,
parce qu'elle ne vise que l'une des justifications du racisme, non sa
racine.
***
La racine du racisme est autrement plus profonde et plus dissimulée.
Elle réside dans le rapport de maître à esclave, qui
est l'une des composantes de l'histoire humaine et qui ne cesse de se
reconstituer, sous des masques divers. Ce rapport, on le rattache le plus
souvent aux besoins matériels des hommes, qui imposent, pour être
satisfaits, des besognes grossières, épuisantes, humiliantes,
ou simplement ennuyeuses. D'où le désir des plus forts de
faire faire ces besognes par d'autres. D'où le besoin d'esclaves.
D'où le racisme.
Remarquons en passant que nous, dans les pays développés,
nous ne sommes pas encore sortis de cette situation. Malgré l'industrialisation
et les machines. Peut-être une évolution vers l'ascèse
aurait-elle permis de réduire le besoin d'esclaves, mais ce n'est
la voie que nous avons prise. On nous annonce depuis longtemps que la
révolution industrielle va supprimer les esclaves. Pour le moment,
cela ne se vérifie dans aucun pays, sous aucun régime. Nous,
nous avons "les travailleurs étrangers", "les faux
saisonniers". D'où, chez nous aussi, le racisme justificateur.
***
Mais cette explication matérialiste, par les besoins matériels,
bien que valable dans une large mesure, ne va pas encore, me semble-t-il,
à la racine. Il y a dans chaque homme un besoin encore plus profond
et plus universel que de satisfaire des besoins extérieurs sans
cesse croissants. C'est celui de s'affirmer, d'être, de compter,
de valoir. C'est d'être l'aristocrate de quelqu'un. D'où
le racisme invétéré de ceux qu'on a appelés,
dans les anciennes colonies, "les petits blancs". Et, chez nous,
le "racisme démocratique" de ceux qui se sentent par
naissance en possession des vertus de la tribu authentiquement suisse.
Ce racisme-là est nécessairement irrationnel, viscéral,
et les arguments, bons ou mauvais, n'y peuvent rien. Il est nécessairement
irrationnel puisque l'infériorité de l'autre ne tient pas
à tel ou tel caractère saisissable (dont on pourrait prouver
qu'il n'existe pas, ou bien dont l'autre pourrait se corriger), mais à
son être, au fait irrémédiable qu'il est l'autre,
- un point c'est tout. Cette infériorité ontologique le
traverse tout entier, elle traverse même ses dons, même sa
supériorité en telle ou telle matière, elle se manifeste
dans cette supériorité qui confirme encore le fait originel
: l'autre est autre, et moi je suis l'aristocrate prédestiné
à l'asservir.
On pourra peut-être atténuer le racisme par une information
judicieuse, en combattant des préjugés par trop grossiers,
en substituant une image plus fidèle aux caricatures complaisamment
cristallisées par l'imagination collective en mal de justification.
Mais on ne l'extirpera pas ainsi.
Pour l'extirper, il faut aller bien plus profond, jusqu'au sens de cette
liberté par laquelle l'homme devient lui-même en luttant
sans fin contre le rapport maître-esclave, contre la pente naturelle
du règne du plus fort, pour cette reconnaissance réciproque,
progressive et sans cesse menacée, qu'implique la Déclaration
universelle des Droits de l'homme.
Si tout homme a des droits, ce n'est pas parce que tous sont égaux
en fait, c'est parce qu'ils sont égaux en mystère, étant
capables de liberté, de responsabilité et de raison. Que
l'un soit plus fort, ou plus beau, ou plus intelligent qu'un autre n'y
change rien. Chacun, tant qu'il lui reste un souffle de vie, peut changer
librement quelque chose dans le monde qui l'entoure, dans la vie de ceux
qui l'entourent, dans sa propre vie et dans le sens qu'il lui donne. Qu'importent
alors les capacités, les moeurs, la couleur de la peau ? Ou plutôt
: c'est à partir de ce mystère commun, où s'enracine
la dignité des hommes, par lui différents du reste de la
nature, que leur merveilleuse diversité prend sa signification
et sa valeur. C'est à cause de ce mystère que l'exigence
du respect des Droits de l'homme, qui n'est jamais réalisée
qu'approximativement au fil de l'histoire, reste une exigence absolue,
contre laquelle les bonnes raisons qu'on trouve toujours de les violer
ne valent rien. Justement parce que la racine du racisme plonge au centre
du besoin de s'affirmer soi-même, et parce que les Droits de l'homme,
loin d'être une donnée naturelle, découlent du mystère
de la possible liberté, ces Droits seraient violés toujours
si l'exigence de leur respect n'était pas inconditionnelle. Malgré
"l'à-peu-près", "le plus ou moins" de
leur incarnation au fil de l'histoire, lorsqu'il s'agit des Droits de
l'homme, il n'existe pour leur violation aucune excuse légitime.
Certes, les limites d'interdiction auxquelles la conscience des hommes
a été sensible au cours des siècles ont beaucoup
varié avec les lieux et les moments. En règle générale,
et malgré tant de violations qui se perpétuent, elle est
tout de même devenue de plus en plus exigeante, concrète
et précise. Evidemment l'écart avec la réalité
en devient d'autant plus flagrant - ce qui explique en partie, lorsqu'elle
est authentique et sans complaisance envers elle-même, la mauvaise
conscience contemporaine. Puisse-t-elle trouver les voies de l'efficacité.
***
Mais la lutte pour les Droits de l'homme ne se limite pas à la
lutte contre le racisme, sous toutes ses formes. Les Nations Unies, sur
ce point, ont malheureusement cédé à la facilité,
parce qu'il était bien plus facile à notre époque
d'obtenir l'accord de tous les gouvernements pour la dénonciation
du racisme que de toute autre forme de violation. Peut-être ne pouvaient-elles
presque pas parler d'autre chose. Mais les citoyens, eux, dans leur liberté,
ne sauraient consentir à un discours où seul le racisme
semble violer la Déclaration universelle, à moins qu'on
ne lui ajoute l'exploitation économique. Il ne s'agit plus, dans
ces conditions, de Droits de l'homme, mais de propagande partisane.
***
S'il est vrai que le respect des Droits oblige a reconnaître chez
tout être humain, quels qu'en soient la naissance, la race, le sexe
et la fortune, le mystère de sa possible liberté, il oblige
aussi à rappeler quels sont les droits élémentaires
qui ne peuvent en aucun cas lui être refusés : l'habeas corpus;
le droit de vivre où il veut dans son pays, d'y rester ou de s'en
aller; le droit de penser et d'exprimer sa pensée; le droit d'avoir
des croyances philosophiques ou religieuses, des opinions politiques,
et de les manifester, dans les limites définies par le droit accepté
par tous; le droit de connaître la pensée d'autrui et d'être
informé au sujet de ce qui est important par le vaste monde.
Il est vrai que l'exercice concret de ces droits implique un certain nombre
de conditions, qui sont devenues à ce titre des droits sociaux,
culturels et économiques : droit a la formation, c'est-à-dire
à acquérir les connaissances et les outils de pensée
indispensables à l'élaboration critique d'opinions personnelles,
comme aussi à l'exercice d'une profession ou d'un métier;
droit à un minimum de sécurité sociale, sans laquelle
le harcèlement des besoins élémentaires étouffe
la pensée; droit à avoir part à la culture de son
temps, etc. Mais ce sont là des droits indéfiniment perfectibles,
et qui ne sont donc jamais parfaitement réalisés - leur
progrès même est d'ailleurs conditionné par le respect
des droits élémentaires énumérés ci-dessus,
dont la violation systématique est la négation même
de l'homme.
C'est pourquoi ceux qui protestent aujourd'hui, au péril de leur
vie et de leur liberté physique, contre les internements abusifs
dans des camps, des prisons ou des asiles psychiatriques, et contre toutes
les violations totalitaires des Droits de l'homme, sauvent aujourd'hui
l'honneur, en un temps où le chantage et la soumission au chantage
sont devenus chose courante et quasi normale aux yeux d'hommes bizarrement
"assagis".
L'horreur des contraintes imposées aux esprits ne le cède
en rien à celle qui s'exerce contre des hommes dont la peau ou
les moeurs diffèrent des nôtres.
Quand apprendrons-nous à chérir la diversité des
hommes, et les multiples accès à la vérité
qu'elle entraîne, - sauvegarde de la liberté et inépuisable
richesse des échanges humains ?
Jeanne Hersch
Article publié (en Suisse ?), fin 1973, à l'occasion du
25e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Définitions racisme n. m. Attitude qui consiste à réduire un
individu à son origine culturelle ou raciale, et qui renvoie, consciemment
ou non, à une théorie de la hiérarchie des "
races ".
Au nom de la prétendue supériorité d'une "
race ", le racisme peut prendre diverses formes qui vont du mépris
à la haine, de la discrimination à l'exclusion, voire à
l'extermination.
Un phénomène moderne
La plupart des historiens s'accordent pour situer l'émergence
du racisme au XVIIIe siècle, soulignant ainsi le lien consubstantiel
qui unit le racisme et la modernité. Le racisme renvoie en effet
à un ensemble de doctrines dont la constitution coïncide avec
l'émergence d'une réflexion scientifique sur l'espèce
humaine. Une double inspiration, traditionaliste et révolutionnaire,
domine les premières théories racistes - qui sont, plus
proprement, des théories " racialistes " (Charles Darwin,
Joseph Arthur, comte de Gobineau, Herbert Spencer). C'est d'abord la nostalgie
d'une pureté raciale originelle qui inspire ce premier racialisme
scientiste, partagé par des philosophes, des voyageurs et des savants
de toutes sortes, occupés à la comparaison méticuleuse
des crânes, des dentitions, des coutumes. Ses théoriciens
reformulent en somme le mythe de l'âge d'or dans les cadres intellectuels
d'un romantisme dont la conservation du sang pur et la hantise de la décadence
sont les thèmes dominants. À la fin du XIXe siècle,
apparaît par ailleurs un racisme d'inspiration socialiste ou révolutionnaire,
qui s'attache essentiellement à définir les modalités
d'une transformation radicale de la société sur la base
d'une stratification sociale conforme à la hiérarchie naturelle
des " races ". Vacher de Lapouge, en France, ou Ludwig Woltmann,
en Allemagne, incarnent ce socialisme aryaniste (il s'agit de délester
l'Europe occidentale de toute origine sémite) et sélectionniste.
Cet effort doctrinaire ne deviendra proprement idéologique qu'au
XXe siècle avec le national-socialisme.
L'autre inassimilable
Ainsi, au-delà de ses attributs doctrinaux, le racisme apparaît
comme un ensemble de pratiques discriminatoires, institutionnalisées
(apartheid) ou imposées dans les faits. Le racisme admet ainsi
différents modes, depuis le racisme-préjugé, mettant
en jeu des affects rigides, jusqu'au racisme-discrimination en passant
par le racisme-idéologie (théorie explicative). Si ces différents
types peuvent être associés, il n'en va pas toujours ainsi
: il n'y a pas forcément un lien de causalité entre préjugé
racial et pratiques d'exclusion. En revanche, les facteurs idéologiques
et politiques paraissent déterminants dans la mise en uvre
des génocides de masse.
Enfin, la plupart des théoriciens distinguent deux types de racismes
: d'une part, le racisme inégalitaire, qui correspond à
une pratique d'infériorisation du groupe racial, lequel dispose
d'une place - inférieure - dans la société considérée
; d'autre part, le racisme différentialiste, qui n'accorde aucune
place au groupe-victime, tenu pour intrinsèquement impur, et qui
s'identifie à des pratiques d'exclusion, de rejet, d'expulsion
et de destruction. L'un et l'autre partagent, comme le montre bien le
sociologue Pierre-André Taguieff, un ensemble de caractéristiques
communes, telles que : le rejet de l'idée d'humanité universelle
; la réduction des individus au statut de représentants
d'une ethnie, d'une " race ", d'une culture, d'une nation ;
l'absolutisation des différences collectives (les frontières
entre " races " sont tenues pour infranchissables, les communautés
culturelles pour inassimilables) ; enfin, la naturalisation des différences
(chaque individu est enfermé dans sa culture, pense et agit selon
un strict déterminisme).
Néoracisme et droit à la différence
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le discours raciste a suivi
une évolution stratégique, en se délestant assez
largement du dogmatisme biologiste et des théories de l'inégalité
entre les " races ", globalement disqualifiées. Le néoracisme
revêt ainsi des formes plus subtiles, en s'appuyant sur un bricolage
idéologique qui combine la défense des identités
culturelles et leur traduction en éloge de la différence.
Le paradoxe est que l'on est confrontéà un type de racisme
qui entend fonder sa légitimité sur des valeurs idéologiques
qui ont nourri la culture politique " de gauche " et sur une
tradition populaire de l'antiracisme et du respect de l'autre. Ces déplacements
habiles de la race vers la culture, de l'inégalité vers
la différence, ainsi que le recours à des énoncés
hétérophiles (droit à la différence) plutôt
qu'hétérophobes, ou à des formulations plus douces
(on parlera de " préférence nationale " et non
plus de discrimination raciale) dominent, depuis une vingtaine d'années,
l'habillage du discours néoraciste ; sans pour autant que ce dernier
ait abandonné son postulat central : le caractère intrinsèquement
inassimilable du culturellement autre, groupes ou individus.
Qu'est-ce que le racisme?
Le racisme est une théorie.
D'après elle, il existerait des races humaines qui présenteraient
des différences biologiques justifiant des rapports de domination
entre elles et des comportements de rejet ou d'agression.
Le racisme est le fait de croire en la supériorité d'un
groupe humain. Défini comme une race, ce groupe serait supérieur
à tous les autres. Le racisme est la haine d'un de ces groupes
humains.
Dans le langage courant, le terme "racisme" se rapporte le plus
souvent à la xénophobie qui en est la manifestation la plus
évidente. D'où vient le racisme?
Depuis toujours, la notion de racisme existe : ce n'est pas une idée
nouvelle. Cependant le mot racisme est entré dans le Petit Larousse
en 1930.
En effet, les Egyptiens s'opposaient à ceux qui ne parlaient pas
leur langue. Les Romains, eux, se sentaient supérieurs à
leurs voisins car leur unique but était d'envahir leurs territoires.
Quant aux Chinois de cette époque, ils se sont interrogés
sur le degré d'intelligence des navigateurs qui atteignaient leurs
territoires, et commencèrent à "comparer" les
peuples entre eux.
Au XVIe siècle, les Espagnols ont instauré le racisme colonial.
Ils comparaient les autochtones à des animaux, car ceux-ci ne portaient
pas d'habits, soulevaient de lourdes charges, peignaient leur corps, et
ne parlaient pas la même langue que la leur. Ensuite, les Portugais,
les Hollandais, les Français suivirent l'exemple espagnol: Ils
les obligèrent à les servir, tout en les maltraitant.
En 1865, l'esclavage fut aboli aux Etats-Unis. Mais dès 1875, naissent
dans plusieurs Etats américains des lois imposant la séparation,
selon les races, dans les lieux publics, prônant la discrimination,
interdisant les mariages mixtes ... Dès le XIXe siècle,
on voit apparaître le Ku Klux Klan.
Le national-socialisme d'Adolf Hitler a été une des politiques
les plus meurtrières entre 1933 et 1945, avec 6 millions de Juifs
tués et tous les autres "non-aryens"; c'est-à-dire
les Slaves, les homosexuels, les opposants aux fascistes ...
Jusqu'en 1993, en Afrique du Sud, les hommes et les femmes de couleur
noire ont été mis dans des cités ghettos avec des
carnets de contrôle. Dans ce pays, on peut indéniablement
parler de ségrégation raciale.
Aujourd'hui encore, même dans nos civilisations occidentales, le
racisme continue. Pourtant, le racisme est intolérable, car on
ne peut pas juger une personne de par la couleur de sa peau, de par ses
origines, sa religion, ou sa culture.
Depuis toujours, la notion de racisme existe : ce n'est pas une idée
nouvelle. Cependant le mot racisme est entré dans le Petit Larousse
en 1930.
En effet, les Inuits s'autodésignaient comme "hommes"
contrairement, selon eux, au reste du monde.
Les Grecs se distinguaient des "Barbares". Ils se considéraient
d'ailleurs comme les seuls hommes libres. De ce fait, ils ne se gênaient
pas pour réduire à l'esclavage les populations étrangères.
Les Romains, eux, se sentaient supérieurs à leurs voisins
car leur unique but était d'envahir leurs territoires.
Les Égyptiens s'opposaient à ceux qui ne parlaient pas leur
langue.
Quant aux chinois de cette époque, ils se sont interrogés
sur le degré d'intelligence des navigateurs qui atteignaient leurs
territoires et commencèrent à "comparer" les peuples
entre eux.
Au XVIème siècle, lors de la conquête du Nouveau Monde,
les Espagnols ont instaurés le racisme colonial. En effet, ils
comparaient les autochtones à des animaux car ceux-ci ne portaient
pas d'habits, ils soulevaient de lourdes charges, peignaient leur corps,
et ne parlait pas la même langue que la leur (voir le film Le procès
de Valladolid, qui montre un procès imaginaire qui s'interroge
sur le sort des "Indiens d'Amérique"). Ensuite, les Portugais,
les Hollandais, les Français suivirent l'exemple espagnol. Ils
les obligèrent à les servir, tout en les maltraitant.
En 1865, l'esclavage fut aboli aux États-Unis. Mais dès
1875, naissent dans plusieurs États américains, comme le
Tennessee, des lois imposant la séparation, selon les races, dans
les lieux publics (la ségrégation raciale), prônant
la discrimination, interdisant les mariages mixtes... Dès le XIXème
siècle on voit apparaître le Ku Klux Klan.
Le national-socialisme d'Adolf Hitler a été une des politiques
les plus meurtrières entre 1933 et 1945 avec 6 millions de Juifs
tués et tous les autres "non-aryens" ; c'est à
dire les slaves, les homosexuels, les opposants aux fascistes,...
Jusqu'en 1993, en Afrique du Sud durant l'apartheid, les hommes et les
femmes de couleur noire, ont été mis dans des cités
ghettos avec des carnets de contrôle. Dans ce pays on peut indéniablement
parler de ségrégation raciale.
Depuis 1962, il règne au Ruwanda (en particulier) une haine raciale
entre Hutus et Tutsis pour une "simple" différence de
domaines agricoles. Ce problème a causé d'horribles massacres
qui ont fait des centaines de milliers de morts.
Aujourd'hui encore, même dans nos civilisations occidentales, le
racisme continue, malgré le fait qu'il se situe à différents
niveaux. En effet, il peut être à un niveau national, comme
en République Fédérale de Yougoslavie, où
Milosevic est dictateur raciste. Il peut aussi être vécu
au quotidien en France, dans la recherche d'emploi par exemple, où
l'on peut assister à une véritable discrimination.
Pourtant, le racisme est intolérable car on ne peut pas juger une
personne de part la couleur de sa peau, de part ses origines, sa religion,
ou sa culture.
Aujourd'hui, le racisme ne peut plus s'appuyer sur des bases scientifiques
et pourtant il est toujours là, et même de plus en plus présent
dans les esprits.
A l'heure actuelle, des partis d'extrême droite obtiennent des scores
inquiétants, malgré les nombreuses ségrégations
qui ont lieu dans le monde.
Enfin, il semble que le racisme existera toujours, mais il est possible
de diminuer, voire de stopper l'expansion de ses idées pour pouvoir,
un jour, faire régresser le racisme dans le monde.
C'est dans cette vision que nous avons voulu faire ce site en nous intéressant
plus particulièrement à l'Europe.
A propos de quelques définitions... . Préjugé : sentiment défavorable à
l'égard de quelqu'un ou d'un groupe de personnes formé sans
connaissance, raison ou fait. . Pouvoir : capacité de mettre des choses en mouvement,
de les posséder et de les contrôler.
Différence entre racisme et préjugé : le préjugé
peut signifier mépriser quelqu'un avant même de savoir quelque
chose à son sujet mais sans avoir nécessairement le pouvoir
d'influencer sa vie négativement. Le racisme, quant à lui,
est lié au fonctionnement de toute une société et
comprend le pouvoir de mettre les préjugés racistes en action.
La majorité a le pouvoir sur la minorité et peut, intentionnellement
ou non, faire pratiquer le racisme. Donc, le racisme implique le fait
d'avoir le pouvoir de discriminer et de désavantager les personnes
sous prétexte qu'elles sont différentes.
Conseil britannique de la jeunesse
. Le racisme consiste à croire que certaines personnes sont supérieures
à d'autres de par leur appartenance à une race particulière.
Les racistes définissent une race comme un groupe de personnes
partageant une même ascendance. lis différencient les races
sur la base de caractéristiques physiques telles que la couleur
de la peau et l'aspect des cheveux. En réalité, aucune différence
claire et surtout aucune différence pertinente n'importent. Les
recherches récentes prouvent que la race est un concept inventé.
La notion de "race" n'a aucun fondement biologique.
Le mot "racisme" est également employé pour décrire
un comportement abusif ou agressif envers des membres d'une "race
inférieure". Le racisme revêt diverses formes dans les
différents pays selon leur histoire, leur culture et d'autres facteurs
sociaux, Une forme relativement récente de racisme parfois appelée
Indifférenciation ethnique ou culturelles affirme que toutes les
races et toutes les cultures sont égales, mais ne devraient pas
se mélanger, de manière à conserver leur originalité.
Il n'existe aucune preuve scientifique de l'existence de races différentes.
La biologie n'a identifié qu'une seule race: la race humaine.
. L'intolérance est un manque de respect pour les pratiques et
les convictions d'autrui. Elle apparaît lorsque quelqu'un refuse
de laisser d'autres personnes agir différemment et avoir des opinions
différentes. L'intolérance peut conduire au traitement injuste
de certaines personnes en raison de leurs convictions religieuses, de
leur sexualité ou même de leurs vêtements ou encore
de leur coiffure. L'intolérance n'accepte pas la différence.
Elle est à la base du racisme, de l'antisémitisme, de la
xénophobie et de la discrimination en général. Elle
peut souvent entraîner la violence.
. L'égalité est le caractère de ce qui est égal.
Cela signifie qu'aucune personne n'a plus d'importance qu'une autre, quels
que soient ses parents et sa condition sociale. Bien entendu, les personnes
n'ont pas des intérêts, des capacités ni des styles
de vie identiques. Par conséquent, l'égalité entre
les personnes signifie qu'elles ont les mêmes droits et les mêmes
chances. Elles doivent disposer, dans les domaines de l'éducation
ou du travail, de chances égales qui ne doivent dépendre
que de leurs efforts. L'égalité ne deviendra une réalité
que lorsque tous auront accès de la même manière au
logement, à la sécurité sociale, aux droits civiques
et à la citoyenneté.
...et de certains comportements
Il existe un certain nombre d'étapes qui mènent à
la discrimination active, à la violence et même à
la purification ethnique et au génocide.
. CATEGORISATION : faire des généralités et mettre
nos expériences dans des catégories qui facilitent notre
façon de gérer le monde autour de nous. On étiquette
et on divise les gens et les groupes.
. STEREOTYPER : lorsqu'on étiquette les gens, il est tentant de
faire usage de stéréotypes. Les stéréotypes
sont des jugements fondés sur des données insuffisantes.
Il existe des stéréotypes positifs et négatifs...
mais, si on crée un stéréotype négatif et
qu'on l'exacerbe, il devient dangereux et peut mener au...
. PREJUGE : constitué d'idées fondées sur un éventail
d'émotions et de faits insuffisants, un préjugé est
souvent constitué sans aucun fondement, et, pourtant, il est accepté
sans remise en question, Il y a souvent des contrastes entre nous et eux.
Les préjugés peuvent mener à des comportements hostiles
vis-à-vis du groupe concerné. Du préjugé découlent
les réactions suivantes:
- éviter: éviter le groupe, ne pas lui parler, ne pas vouloir
le rencontrer;
- abus verbal : parler négativement du groupe et au groupe;
- discrimination : alors que le préjugé est une attitude,
la discrimination est un comportement qui mésestime le groupe,
le traite mal, le récompense moins que les autres, le boycotte,
voire l'exclut;
- abus violent : en raillant, en importunant, en menaçant, en harassant
ou en portant préjudice à l'héritage du groupe;
- élimination : en isolant, en bannissant, en tuant, en lynchant,
en procédant au génocide ou à la purification ethnique.
GUY DE MAUPASSANT
Faire tuer du monde leur est très égal, le prétexte
seul les inquiète. La Chine, nation orientale et raisonnable, cherche
à éviter ces massacres mathématiques. La France,
nation occidentale et barbare, pousse à la guerre, la cherche,
la désire. (...)
Quand on parle d'anthropophages, nous sourions avec orgueil en proclamant
notre supériorité sur ces sauvages. Quels sont les sauvages,
les vrais sauvages ? Ceux qui se battent pour manger les vaincus ou ceux
qui se battent pour tuer, rien que pour tuer ? Une ville chinoise nous
fait envie : nous allons pour la prendre massacrer cinquante mille Chinois
et faire égorger dix mille Français. Cette ville ne nous
servira à rien. Il n'y a là qu'une question d'honneur national.
Donc l'honneur national (singulier honneur !) qui nous pousse à
prendre une cité qui ne nous appartient pas, l'honneur national
qui se trouve satisfait par le vol, par le vol d'une ville, le sera davantage
encore par la mort de cinquante mille Chinois et de dix mille Français.
JULES FERRY
Si l'honorable M. Maigne a raison (le député défendait
l'idée de l'égalité des hommes), si la Déclaration
des droits de l'homme a été écrite pour les Noirs
de l'Afrique équatoriale, alors de quels droits allez-vous leur
imposer les échanges, les trafics ? Ils ne vous appellent pas.
(...) Je répète qu'il y a pour les races supérieures
un droit parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le droit de civiliser
les races inférieures...
JEAN-LOUIS DE LANESSAN
On déclare responsable et coupable tout village qui a donné
refuge à une bande ou qui n'a point signalé son passage.
En conséquence, le chef de village et les trois ou quatre principaux
habitants ont la tête tranchée, le village est incendié
et rasé jusqu'au sol.
ERNEST PISCHARI
J'ai devant moi un des porteurs recrutés au dernier village (...).
Quelle belle bête, pleine de sang et bien racée. Le poids
de la caisse n'a aucune importance pour lui. Il marche à son allure
vive, élégante, un peu dansante, légère (...).
Pourquoi les humanistes de France ne veulent-ils pas admettre que la tête
noire est faite pour porter des caisses et celle des blancs pour penser.
VICTOR HUGO
Voilà ce qu'est devenu ce que l'on appelait le grenier des Romains
! Mais, en serait-il ce que vous dites, je crois que notre nouvelle conquête
est chose heureuse et grande. C'est la civilisation qui marche sur la
barbarie. C'est un peuple éclairé qui va trouver un peuple
dans la nuit. Nous sommes les Grecs du monde ; c'est à nous d'illuminer
le monde. Notre mission s'accomplit, je ne chante qu'hosanna. Vous pensez
autrement que moi, c'est tout simple. Vous parlez en soldat, en homme
d'action. Moi je parle en philosophe et en penseur.
Lieutenant-colonel de Montagnac
Voilà comment il faut faire la guerre aux Arabes ; tuer tous les
hommes jusqu'à l'âge de quinze ans, prendre toutes les femmes
et les enfants, en charger les bâtiments, les envoyer aux îles
Marquises ou ailleurs. En un mot, anéantir tout ce qui ne rampera
à nos pieds comme des chiens.
LEON BLUM
Nous avons trop l'amour de notre pays pour désavouer l'expansion
de la pensée et de la civilisation françaises. Nous admettons
le droit et même le devoir des races supérieures d'attirer
à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré
de culture.
LE COURRIER D'ORAN
En présence d'un peuple toujours révolté, nous ne
connaissons de meilleure politique que celle qu'adopta Moïse à
l'égard des Arabes madianistes. Il fit exterminer tous les mâles,
ne conservant que les pucelles qu'il donna aux soldats. Le procédé
peut paraître cruel aux yeux des gens à courte vue : il n'était
qu'intelligent.
Conference
Mondiale contre le Racisme
Informations Generales
Août 2001
LA DISCRIMINATION DE CASTE
Plus de 250 millions de personnes à travers le monde souffrent
d'une forme voilée de ségrégation, véritable
esclavage des temps modernes et d'autres formes extrêmes de discrimination
pour la simple raison qu'ils sont nés de parents issus d'une caste
marginalisée. La discrimination de caste est demeurée un
secret honteux depuis trop longtemps- et certains des gouvernements qui
ont le plus besoin de combattre cette discrimination de caste ont été
les plus véhéments à exiger que cette question soit
exclue des thèmes évoqués par la Conférence
Mondiale.
· La Conférence mondiale se devrait de reconnaître
que la discrimination fondée sur la caste d'origine gangrène
la vie de centaines de millions de personnes- et que des programmes internationaux
sont nécessaires pour remédier aux conséquences de
ce fléau et établir des mesures pratiques pour favoriser
son abolition.
REFUGIES, DEMANDEURS D'ASILE, MIGRANTS ET POPULATIONS DEPLACEES
Partout dans le monde, les réfugiés, les demandeurs d'asile,
les migrants et les populations déplacées sont victimes
de discrimination raciale, d'attaques racistes, de xénophobie et
d'intolérance ethnique. Le racisme est à la fois la cause
et la conséquence des déplacements forcés et un obstacle
à leur solution. En 2000, quelques 150 millions de migrants vivaient
hors de leur pays d'origine. Parmi eux, environ 50 millions ont été
chassés de leurs terres par la persécution, l'existence
de conflits et les violations des droits de l'homme. Les pays industrialisés
ont mis en place un barrage de politiques et de pratiques restrictives,
visant les demandeurs d'asile, les réfugiés et les migrants.
Même les pays d'accueil traditionnellement généreux,
souvent accaparés par leurs propres problèmes sociaux et
économiques, sont devenus de plus en plus réticents à
accueillir de larges populations de réfugiés.
· La Conférence mondiale devrait reconnaître la discrimination
envers les réfugiés, les demandeurs d'asile et les populations
déplacées comme une forme contemporaine de racisme. Elle
doit faire appel aux gouvernements pour qu'ils changent radicalement les
politiques et les pratiques qui discriminent les réfugiés,
les demandeurs d'asile et les migrants, pour qu'ils renforcent le régime
de protection des réfugiés et introduisent de nouveaux critères
de protection le cas échéant.
DISCRIMINATION ET CITOYENNETE
Des populations entières se sont vues refuser le droit à
la nationalité dans leur propre pays-ou dépouiller de leur
citoyenneté-en raisons de leur race ou de leur origine ethnique.
Certaines d'entre elles vivaient même dans un pays depuis de nombreuses
générations, souvent depuis une date antérieure à
l'indépendance de ce pays; d'autres sont des peuples indigènes.
Quand la citoyenneté est limitée aux enfants de nationaux
de sexe masculin, on décourage les femmes d'épouser des
hommes de race ou de nationalité différente parce que la
citoyenneté sera alors refusée à leurs enfants. Les
querelles sur la nationalité ont entraîné des crises
productrices de réfugiés au cours desquelles certains groupes
ethniques se sont vus arbitrairement retirer leur citoyenneté avant
d'être expulsés par la force.
· La Conférence mondiale devrait impérativement
placer la question de la discrimination raciale dans son programme dans
le cadre de la discussion sur la citoyenneté.
DISCRIMINATION DANS L'ADMINISTRATION DE LA JUSTICE
Les représentants de minorités raciales, ethniques et autres,
ainsi que les groupes vulnérables sont souvent victimes de harcèlement,
de détention arbitraire et de traitements abusifs par les forces
de l'ordre et de discriminations par les procureurs et juges lors de procès
inéquitables. La Convention sur l'Elimination de Toutes les Formes
de Discrimination Raciale (CERD), dont 157 états sont membres,
oblige les Etats à annuler toute loi ou pratique ayant pour effet
de créer ou de perpétuer la discrimination raciale. Les
projets du programme d'action de la conférence mondiale ont appelé
à des mesures concernant les discriminations dans l'administration
de la justice, mais uniquement lorsqu'une intention discriminatoire pouvait
être relevée. Cependant, des lois prétendument neutres
sur les questions de race peuvent avoir des conséquences discriminatoires,
dans leur application, sur les minorités vulnérables -voire
même les majorités- en raison soit du principe de l'opportunité
des poursuites pénales, soit de la façon dont les condamnations
sont prononcées par les tribunaux, soit de la nature de la loi
elle-même.
· La Conférence mondiale devrait recommander des mesures
visant à identifier et à remédier aux effets racistes
des lois ou des pratiques judiciaires, même en l'absence d'intention
raciste dans le texte de loi même.
LES REPARATIONS
Les gouvernements responsables devraient payer des réparations
pour indemniser des effets subsistants les plus dommageables de l'esclavage,
de la ségrégation et des autres formes extrêmes de
racisme. Des commissions nationales et internationales devraient être
constituées, avec un maximum de transparence et de participation
publique. Ces commissions seraient chargées d'identifier et de
reconnaître officiellement les abus passés et de mener l'action
afin d'en contrer les effets actuels. Ces commissions devraient sensibiliser
le public, reconnaître officiellement les responsabilités
et proposer des méthodes de réparation et de dédommagement.
Elles se consacreraient à mettre en évidence les effets
de ces abus passés lorsque ceux-ci affectent non pas des individus
isolés mais des groupes.
L'un des objectifs fondamentaux des réparations serait de traiter
des fondements sociaux et économiques de la marginalisation actuelle
des victimes par des moyens tels qu'un investissement important dans l'éducation,
l'hébergement, les soins médicaux ou la formation professionnelle.
· La Conférence mondiale devrait appeler à des réparations
pour remédier aux effets subsistants de l'esclavage, de la ségrégation
et des autres formes extrêmes de racisme.
Les mots demandent qu'on les utilisent avec beaucoup de précaution.
Rien de pire dans une discussion lorsque deux interlocuteurs s'invectivent
des heures durant et finissent par s'apercevoir qu'ils ne parlaient pas
de la même chose mais utisaient le même mot (ou inversement).
Il nous a donc semblé important de préciser quelques mots
d'un vocabulaire couramment utilisé dans les discours antiracistes.
Voici donc, extrait du livre de PA Taguieff : Le racisme, (Domino-Flammarion
éditeur, nov 1997, dans Annexes, glossaire, p110 à 116)
quelques précieuses définitions que chacun d'entre nous
emploiera un jour ou l'autre. Bouc émissaire (théorie ou modèle du) : Théorie
ou modèle explicatif fondé sur l'hypothèse que la
frustration constitue une condition nécessaire et suffisante de
l'agressivité ("théorie de la frustration-agression").
On suppose que certains contextes (crises sociales et économiques)
favorisent l'augmentation du sentiment de frustration, donc de l'agressivité,
laquelle se déplace et se fixe sur les exogroupes déjà
les plus rejetés, perçus comme dissemblables et faibles,
et faussement identifiés en tant que cause des frustrations. La
victimisation de ces groupes minoritaires permettrait de réduire
la tendance à agresser. Communautarisme : 1. Vision essentialiste des groupes humains (voir
essentialisme ). 2. Politique en faveur des identités de groupe,
culturelles ou ethniques. 3. Terme synonyme de "multicommunautarisme",
référant aux doctrines de la société multiculturelle
ou pluriethnique ("ethnopluralisme"). Voir ethnisme . Darwinisme social : Doctrine sociopolitique selon laquelle la concurrence
entre les hommes (individus et groupes) doit se dérouler sans obstacles
(tels que les mesures de protection et d'assistance de l'État-providence,
ou les conduites charitables), afin que la lutte pour l'existence et la
sélection naturelle aboutissent socialement à la survie
des "plus aptes" et à l'élimination des "moins
aptes". Théorisation extrémiste du laisser-faire, doctrine
de l'État-minimum, prônant la non-intervention dans la lutte
pour la vie. Les darwinistes sociaux racistes postulent que chaque "race
humaine" peut être rangée sur une échelle unilinéaire
selon ses aptitudes supposées et que le moteur de l'histoire est
la lutte pour la survivance entre les différentes "races".
Déplacement : En psychologie sociale, mécanisme suivant
lequel l'agressivité se dirige vers une cible autre que la source
de la frustration, pour se fixer sur les déviants ou les minorités.
Différentialisme : Ensemble d'attitudes et de comportements
faisant prévaloir les appartenances particulières par rapport
à l'appartenance au genre humain. Plus précisément
: 1. Vision de l'humanité privilégiant les différences
entre les groupes (races, ethnies, peuples, nations, civilisations), et
tendant à essentialiser les identités collectives (voir
ethnisme ).
2. Doctrine fondée sur le relativisme culturel radical, qui postule
l'incommensurabilité des cultures (ou des mentalités de
groupes) et leur fermeture sur elles-mêmes, voire la pluralité
des "natures culturelles" de l'humanité, formant ainsi
des quasi-espèces mentales (voir polygénisme ).
3. Éthique et politique fondées sur la différence
en même temps que le devoir de différence, et susceptibles
de déboucher soit sur une forme d'ethnisme, soit sur un ethnonationalisme
xénophobe, soit sur un modèle multicommunautariste (ou "multiculturaliste"),
impliquant un traitement différent des individus en fonction de
leurs appartenances raciales ou ethnique. Voir communautarisme , discrimination
, ethnonationalisme . Discrimination : Traitement différentiel et inégal
de personnes ou de groupes en raison de leurs origines, de leurs appartenances,
de leurs apparences (physiques ou sociales) ou de leurs opinions, réelles
ou supposées. Ce qui revient à exclure certains individus
du partage de certains biens sociaux (logement, emploi, etc ). Essentialisme (ou essentialisation) : Mode de pensée qui
consiste à attribuer à tous les membres d'un groupe, et
tendanciellement à eux seuls, certaines caractéristiques,
en expliquant ces dernières par la nature ou l'essence du groupe
(par ses dispositions naturelles) plutôt que par des facteurs de
situation.
Ethnique (groupe) : Ensemble d'individus qui se perçoivent ou sont
perçus comme formant un groupe humain distinct, doté d'une
identité collective (marquée par un nom propre) fondée
sur une auto-identification impliquant la croyance à une origine
et à une culture (langue, religion, murs) communes. Le mythe
fondateur de tout groupe ethnique est le mythe d'un ancêtre commun.
Ethnisme : 1. Doctrine selon laquelle l'identité ethnique
est première dans l'ordre des modes d'identification d'un sujet.
2. Théorie juridico-politique selon laquelle tout groupe ethnique
doit être respecté dans sa "dignité" et
son "intégrité" au sein d'une société
pluraliste (pluriethnique, multiculturelle, et ). Défense
des droits des minorités ethniques. (Voir communautarisme. ) 3.
Doctrine politique fondée sur le principe que tout groupe ethnique
doit se constituer en communauté politique autonome, dotée
d'un état souverain, afin de préserver son identité
collective. C'est la voie de l'autonomisme ou du séparatisme, celle
des nouveaux mouvements identitaires relevant de l'ethnonationalisme (voir
ce mot). Ethocentrisme : Attitude d'autopréférence de groupe
universellement observable. 1. Tendance à évaluer toute
chose selon les valeurs et les normes propres au groupe d'appartenance
du sujet, comme si ce groupe était l'unique modèle de référence.
2. tendance propre aux membres de tout groupe humain à se croire
meilleurs que les membres des autres groupes, voire à s'imaginer
être les seuls humains véritables. 3. Couplage d'attitudes
favorables à l'égard de l'endogroupe et d'attitudes défavorables
à l'égard des exogroupes, ces derniers faisant l'objet de
préjugés et de stéréotypes négatifs,
accompagnés de mépris ou d'aversion. Voir xénophobie
. Ethnocide : Terme construit sur le modèle de "génocide"
pour désigner l'acte de destruction d'une culture ou d'une civilisation,
à travers divers types de mesures, allant de l'assimilation forcée
aux modèles de la culture dominante ou conquérante à
l'effacement violent de toutes traces de la culture minoritaire ou dominée.
Ethnonationalisme : 1. Terme désignant l'ensemble des nouvelles
mobilisations identitaires qui, fondées sur la défense plus
ou moins convulsive d'identités éthniques plus ou moins
inventées ou réinventées, prennent la forme de micro-nationalismes
séparatistes visant l'éclatement des États-nations
constitués ou vivant de la désintégration des empires
(tel l'empire soviétique) ou des États fédéraux
pluriethniques (l'ex-Yougoslavie). 2. Doctrine politique appliquant à
tout groupe ethnique le principe du droit des peuples à disposer
d'eux-mêmes, en même temps que celui du devoir des ethnies
de rester elles-mêmes, de préserver à tout prix leurs
identités respectives ou de réaliser, au besoin par la force,
une homogénéité ethnique perçue comme menacée
par les flux migratoires ou la culture de masse planétaire. Voir
ethnisme au sens 3. Eugénisme : Terme créé en 1883 ( eugenics
) par Francis Galton pour désigner la "science", la technique
et la politique de l'"amélioration" des "qualités
héréditaires" des populations humaines par le contrôle
de la procréation. Celui-ci, longtemps limité au choix des
procréateurs et aux stérilisations forcées s'est
redéfini par la sélection "thérapeutique"
des ftus et le tri "préventif" des embryons (dans
le cadre des procréations médicalement assistées);
il pourrait s'étendre au choix des gènes. Génocide : Terme créé en 1944 par le juriste
Raphaël Lemkin. 1. Extermination systématique, au nom d'une
conception idéologique, d'un groupe humain en tant que tel jugé
"de trop". 2. Sens large : action(s), entreprise(s) en vue de
détruire, en tout ou en partie, un groupe racial, national, ethnique,
religieux, etc Génotype : Constitution génétique totale d'un
organisme; patrimoine génétique individuel. Voir phénotype.
Hétérophilie : Terme construit sur le modèle
d'hétérophobie en 1985 (P-A taguieff). Valorisation immodérée
de la différence (raciale, ethnique ou culturelle), susceptible
d'aboutir à l'érection de la différence entre "nous"
et "eux" en absolu (valeur suprême), ainsi qu'à
la position d'un impératif inconditionnel de maintien des différences,
qu'elles quelles soient. Voir différentialisme . Hétérophobie (ou allophobie) : 1. Rejet de la différence
en tant que telle ou de toute marque d'altérité. 2. Plus
précisément : "Le refus d'autrui au nom de n'importe
quelle différence" (Albert Memmi). Pour certains auteurs,
l'hétérophobie constitue la catégorie générale
dont le racisme classique représente une variante, définie
par le rejet des autres en tant que porteurs de différences "raciales".
Mixophobie : Néologisme introduit au début des années
1980 par P-A Taguieff. Attitude et comportement de rejet à l'égard
du métissage, horreur des mélanges entre groupes humains,
exprimant une hantise de la souillure, et, plus précisément,
de la perte de pureté identitaire de la lignée. Hantise
d'une descendance métissée, située au cur de
l'imaginaire raciste proprement moderne, la mixophobie constitue l'envers
du désir d'autoreproduction à l'identique, centré
sur le maintien des ressemblances dans la descendance. Monogénisme : 1. Doctrine selon laquelle tous les êtres
humains, ou toutes les variétés humaines, dérivent
d'une souche commune ou d'un seul et même type primitif. 2. Croyance,
d'origine biblique, à l'unité d'origine de tous les groupes
formant l'espèce humaine : les humains sont tous "fils d'un
même Père". 3. Doctrine de l'unité physique,
intellectuelle et morale de l'espèce humaine, présupposant
l'existence d'une "nature humaine" ainsi que le caractère
accidentel ou contingent de la différenciation raciale, considérée
souvent comme négligeable. Voir universalisme . Nationalisme : 1. Idéologie politique moderne fondée
sur le principe de l'autodétermination des peuples, ou sur le "droit
des peuples à disposer d'eux-mêmes", impliquant à
la fois la souveraineté populaire, l'indépendance de l'État
national territorialisé, ainsi que l'unité et l'homogénéité
culturelle de la population nationale. 2. Ensemble de comportements ordonnés
à la défense des intérêts de la nation au-dessus
de tout. 3. Doctrine de la conservation inconditionnelle de l'identité
nationale (définie en termes de culture, d'ethnicité ou
de race), fondée sur le devoir des peuples de demeurer eux-mêmes.
Voir ethnocentrisme , xénophobie , ethnonationalisme . Phénotype : Ensemble des caractères apparents d'un
individu, de ses traits somatiques visibles. Voir génotype , concept
avec lequel il fait couple. Polygénisme : 1. Doctrine selon laquelle l'espèce
humaine actuellement observable dérive de plusieurs souches distinctes,
dont proviendraient les races humaines. 2. Doctrine de la création
ou de l'apparition séparée des races humaines, selon laquelle
l'espèce humaine est apparue en divers lieux et à des époques
différentes. 3. Théorie de la pluralité des "espèces
humaines", identifiant les races humaines comme des espèces
et niant l'existence d'une "nature humaine". Voir différentialisme
. Préjugé : 1. Opinion préconçue, socialement
apprise, partagée par les membres d'un groupe, et susceptible d'être
favorable ou défavorable à la catégorie visée.
2. Attitude négative, défavorable, voire hostile, et chargée
d'affectivité, à l'égard d'individus assignés
à une catégorie définie. 3. Croyance rigide reposant
sur une généralisation abusive et sur une erreur dans le
jugement, qui revient à attribuer des traits formant clichés
à divers groupes humains (races, ethnies, nations, etc.) Voir stéréotype
, ethnocentrisme . Projection : (Psychanalyse) "Opération par laquelle
le sujet expulse de soi et localise dans l'autre, personne ou chose, des
qualités, des sentiments, des désirs, voire des "objets",
qu'il méconnaît ou refuse en lui" (J. Laplanche et J-B
Pontalis). La projection fonctionne comme un mécanisme de défense,
qu'on rencontre aussi bien dans la jalousie ou dans la superstition que
dans la paranoïa et les délires d'interprétation ou
de persécution. La diabolisation et la criminalisation des juifs,
dans et par la fable du "meurtre rituel", impliquent la projection
de ses proppres pulsions destructrices par le sujet judéophobe.
Psychologie différentielle de l'intelligence : Domaine de
la psychologie différentielle (dont l'objet est l'étude
des différences entre les individus comme entre les groupes humains),
plus spécialement consacré à l'analyse et à
la mesure des aptitudes intellectuelles ou des activités cognitives.
Lieu privilégié des controverses persistantes sur les facteurs
"héréditaires" (et plus largement génétiques)
et les facteurs environnementaux de ce qu'il est convenu d'appeler l'intelligence,
à propos des études comparatives sur le quotient intellectuel
des divers groupes (classe, "race", etc). Racialisation : Représentation des différences entre
les groupes humains comme dues à des facteurs biologiques, tels
qu'ils sont définis ou supposés dans les doctrines raciales.
La hiérarchie sociale ou les classes sociales peuvent être
racialisées. La racialisation, qui biologise les interactions sociales,
doit être distinguée de l'ethnicisation, qui érige
certaines caractéristiques culturelles (langue, religion, murs)
en attributs essentiels des groupes. Racialisme : Construction idéologique fondée sur
l'idée de "race humaine". Plus précisément
: 1. Doctrine selon laquelle la race détermine la culture, en ce
sens que les différences entre les races détermineraient
les différences entre les aptitudes mentales, les attitudes et
les murs. 2. Vision de l'histoire ou de l'évolution sociale,
se présentant comme une théorie explicative, fondée
sur telle ou telle classification des "races humaines" hiérarchiquement
rangées sur une échelle de valeur. Stéréotype : Image figée, faisant partie des
représentations sociales disponibles. Plus précisément,
en psychologie sociale : 1. Idée fixe standardisée associée
à une catégorie : "paresse" associée à
"Noirs", "cupidité" à "Juifs",
"violence" à "Arabes", constituent des stéréotypes
négatifs. 2. Mode de catégorisation rigide et persistante
(résistant au changement) de tel ou tel groupe humain, qui déforme
et appauvrit la réalité sociale dont il fournit une grille
de lecture simplificatrice, et dont la fonction est de rationaliser la
conduite du sujet vis-à-vis du groupe catégorisé.
3. Le processus de catégorisation stéréotypante implique,
d'une part, une accentuation des différences entre le groupe d'appartenance
et les autres groupes (effet de contraste), et, d'autre part, une accentuation
des ressemblances dans le groupe d'appartenance comme dans les autres
(effet d'assimilation). Voir préjugé , essentialisme . Universalisme : Vision de l'humanité reposant sur l'affirmation
d'une commune nature de tous les groupes humains et de la légitimité
d'exigences universelles. Plus spécifiquement : 1. Doctrine de
l'unité fondamentale du genre humain, par-delà toutes les
différences biologiques et culturelles. Voir monogénisme
. 2. Éthique ou morale fondée sur la détermination
des valeurs et des normes transculturelles, universellement partagées
ou partageables, c'est-à-dire communicables, et par là universalisables,
ce que nie le relativisme culturel radical. Xénophobie : Hostilité à l'égard des
étrangers et de tout ce qui est perçu comme étranger.
Une attitude est xénophobe lorsqu'elle revient à interpréter
l'autre, celui qui n'appartient pas au groupe propre, comme une menace
pour celui-ci. Perçu en tant qu'ennemi, l'étranger déclenche
peur ou haine, ou les deux.